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L'Australie

Bilan des 45 jours…

Finie la perspective de devenir serveuse, barmaid, de côtoyer du monde, il fallait se résigner, accepter, trouver des alternatives. Supermarchés, stations services, fast food, tant de lettres de motivation laissées sans réponse.

Bilan de l’Australie (Photo by Tristen Lee on Unsplash)

Je profite d’un moment de calme, devant ces bateaux qui tanguent, devant cette eau ondulant calmement pour faire un bilan de ces 45 premiers jours.

Dresser le bilan

Le bilan est mitigé, si j’en retire globalement du positif, quelques ombres au tableau viennent ternir le rêve australien pour le moment.

Si ce satané virus ne gâchait pas la vie du monde entier, j’espère que l’état des lieux serait tout autre.

Parlons d’abord du sujet qui fâche…

Toujours pas de Job

Les premières semaines ont été plutôt douces et j’ai pris mon temps pour chercher du travail, j’ai fait ça en dilettante, l’esprit en vacances, confiante. Puis le petit coco a fait son apparition, alors que vous commenciez à être confinés, le vent commençait ici aussi à tourner.

Pile au moment où je commençais à chercher avec assiduité, il était déjà trop tard. Quelques jours plus tard, les bars, les restaurants, les salles de gym fermaient aussi leurs portes. La perspective de trouver un travail s’amenuisait, et les nouvelles personnes comme moi sur le marché se multipliaient.

Finie la perspective de devenir serveuse, barmaid, de côtoyer du monde, il fallait se résigner, accepter, trouver des alternatives. Supermarchés, stations services, fast food, tant de lettres de motivation laissées sans réponse.

Le Corona rend les Australiens moins ouverts

Des annonces de postes réservées aux australiens, comme une exigence, une compétence comme une autre écrite noire sur blanc. Comme une évidence, comme une suite logique des choses, les australiens se refermaient. Les déclarations médiatiques sur les backpackers n’ont pas aidées, et ce pays qui jusqu’alors traitait avec respect ces immigrés, a commencé à se méfier, à nous inciter à partir, à rentrer chez nous. La priorité se sont les australiens, les dommages collateraux n’ont qu’à prendre leurs responsabilités.

Fille au pair ?

Déjà une semaine ou deux avant que les annonces ne disparaissent, j’avais pensé être au pair. Mais être au pair à 30 ans, ça me paraît étrange, me soumettre aux règles d’une famille, perdre un bout de ma liberté, alors que c’est elle que je suis venue chercher, c’est renoncer au rêve, et embrasser une réalité que je ne suis pas encore prête à accepter.

Pourtant, la raison, la peur de gaspiller toutes mes économies, m’ont poussée à envoyer des dizaines de messages, répondant aux annonces des familles. Beaucoup sont restés sans réponses, quelques unes ont pris la peine de refuser, et une pincée ont bien voulu me rencontrer.

Les entretiens

La première mère célibataire ne m’a inspirée rien qui vaille, situation maritale compliquée, bambin perturbé, c’est un non décisif dans mon esprit. Seconde famille, père français, mère australienne, une belle maison, une piscine, une voiture à moi, un téléphone, une belle suite avec salle de bain deux enfants très mignons, tout était beau sur le papier. D’ailleurs en parlant de papier, le contrat de 14 pages et les règles de la maison de 28 pages, m’ont pour tout vous dire un peu effrayée… Je sentais que la famille était un brin maniaque, comment savoir si c’était supportable ou non ? J’allais accepter, j’allais dire oui, mettre de coté mes craintes. Mais la situation a évoluée, les grands parents sont restés, plus de place dans le foyer pour une au pair.

Après une pause dans mes recherches, petit entretien dans une famille, oú la mère est médecin. On me vends sur le papier, une maisonnette indépendante pour l’au pair. J’arrive dans une maison complètement désordonnée, où jonchent partout des jouets, des miettes, des chaussures et des objets non identifiés. On est loin de la précédente famille, mais il y a un juste milieu, la chambre n’est même pas encore construite, la salle de bain n’est pas privée. Les jumeaux sont intenables et je sens que le père est loin de m’apprécier. Ils ne prendront même pas la peine de me refuser le poste.

Autres perspectives


Tant pis, je profite un peu, je crée un compte Uber, j’achète un vélo, un sac, un casque. Le compte mets presque 2 semaines à se valider, il vient tout juste d’être validé à vrai dire ! Je n’ai même pas encore essayé !

Pendant l’attente de Uber, je cherche de nouveau au pair. Je poste une annonce, on me contacte, je reprend espoir. Deux entretiens le samedi, je me sens presque tirée d’affaire.

Les économies fondent comme neige au soleil, et même si j’ai encore deux petits mois devant moi, je ne veux pas tout grignoter. Puis hier, deuxième entretien annulé, leur au pair a décidé de rester.


Je me suis donc rendue aujourd’hui à mon 4eme entretien avec une famille. À chaque fois c’est étrange, chaque famille est différente, certains affables, certains vous posent 1000 questions, je ne sais jamais si je suis assez détendue ou trop.

On tente Au pair de nouveau

Ce matin, ça s’est bien passé, la petite fille dormait, je ne l’ai pas vue, mais les parents sont sympas, la maison est belle, la chambre grande lumineuse et avec salle de bain privée. Le gros plus, c’est quelle est à 3 minutes de la mer, 3 minutes d’un lac aussi.

En revanche, il n’y a pas d’argent de poche, juste le logement et la nourriture gratuite. Et puis c’est loin, loin de mes amis, de mon auberge, de mes nouvelles habitudes, de la vie sociale que je me suis construite.

Premier Bilan positif : ma vie sociale

J’en viens donc au positif, parce que oui globalement l’expérience est positive. J’ai rencontré des dizaines de personnes, je me suis forgée de jolies nouvelles amitiés, sans doutes éphémères, mais c’est aussi ça le voyage, savoir dire au revoir. La communauté qui reste dans l’hostel est unie et nous fonctionnons comme une petite famille. Les lieux sont agréables, et le loyer a même diminué.

On cuisine, on joue aux cartes, au billard, on rit, on doute, on discute, on vit ensembles. Les rues sont désertes, la ville est morte, mais l’auberge est pleine de vie, de personnalités, de nationalités différentes. J’ai même décoré mon petit lit, je m’y sens comme chez moi, comme une coloc géante…

Deuxième bilan positif : la Nature

Du positif, il y en a aussi grâce à la nature, j’ai vu plein de belles plages, forêts, des animaux, des dizaines de magnifiques couchers du soleil sur la mer, et bizarrement je ne m’en lasse pas. Le temps est clément, et je profite d’une semaine particulièrement chaude, un regain de plein été, de 30 à 35 degrés. Seule la température de l’eau est un peu fraîche, mais tant que je peux nager ! Donc, non de ce côté là je ne suis pas à plaindre, les plages sont toujours ouvertes, je profite d’une météo agréable et je peux me baigner presque que tous les jours…

Troisième bilan positif : Vaincre mes peurs

Le troisième point positif, et un des buts de mon aventure ici, c’est de surpasser mes peurs.

Si comme ça je parais courageuse, forte et déterminée, des tonnes de peurs m’assaillent. Je suis arrivée avec une peur de l’échec, celle ci est encore bien présente, et la situation n’aident pas mes doutes à s’envoler.

La peur de l’inconnu est surpassée en revanche.

Peur des guêpes, franchement je suis un rock ici.

Peur des grosses vagues et des rouleaux ? Terminée, l’océan agité est mon ami, je joue dans la vagues, je les dépasse avec amusement et nage avec plus de plaisir qu’Arielle ;).

Peur des méduses, après 10 piqûres au moins, c’est devenu mon quotidien, agaçantes comme les moustiques, mais pas effrayantes.

Peur des serpents, ça va… Pour le moment…Araignées, invisibles pour le moment.

Donc j’y travaille à mes peurs et ça c’est positif 🙂

Bilan globalement positif

J’en suis là, 45 jours d’inactivité, certains jours l’ennui me terrasse, je crie mon envie de travailler de faire quelque chose, peu m’importe quoi, d’autres jours, je profite, l’esprit en vacances, parfois je me demande si je dois revenir, si c’est raisonnable d’espérer encore, de rester, d’attendre des jours meilleurs.

Le doute est là, il hante mon esprit, me paralyse parfois, il rend les bons moments moins savoureux et les conversations plus lourdes. Car je ne suis pas la seule à chercher des réponses, et si certains prennent la décision de partir, j’ai décidé de rester.

Cette décision, je l’ai prise d’instinct, j’espère qu’il ne me trompera pas. Maintenant, c’est un choix cornélien que je vais devoir faire, choisir Uber et l’auberge, ou au pair et la sécurité. Mon cœur penche dejà, mais la décision demande un peu de réflexion…

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