Jouets abîmés, Photo by Artem Maltsev on Unsplash
Cher Père Noël,
Voilà quelques années que l’on s’écrit, enfin que je t’écris… D’ailleurs, tu pourrais prendre la peine de me répondre un jour !
Loin de moi l’idée de te reprocher une nouvelle fois un cadeau mal emballé, un défaut de fabrication ou encore une liste mal interprétée. Puisque j’ai pris le parti de ne plus être sage, pour ne plus être déçue.
Et permets moi de te dire que ça marche plutôt bien.
Une toute autre raison me pousse aujourd’hui à t’écrire.
Tu comprendras ma surprise quand alors que je partageais un repas de Noël en famille, toujours aussi sain et équilibré (Cette année, les cinq fruits et légumes étaient bien de la partie, surtout le raisin… ), j’ai entendu quelqu’un tambouriner à ma porte.
Intriguée et toujours bercée par le souvenir de ton beau lutin, je me suis précipitée à la porte.
Malheureusement ce n’était pas un bel homme emmitouflé qui s’est présenté, mais une horde de jouets et d’objets enragés.
Une poupée en tête de cortège, les cheveux dressés sur la tête a tendu sa main couverte de feutre. J’ai reculé d’un pas. Les films comme Chucky ont bercé mon enfance, autant te dire que je n’étais pas rassurée.
Face à ma stupéfaction, elle a alors pris la parole.
« Bonjour Mylène,
Toi la frondeuse, l’insatisfaite de Noël, qui n’hésite pas à dire au père Noël ses quatre vérités, nous avons besoin de toi. »
Comme tu le sais, je suis sensible aux compliments, et je les ai donc faits entrer.
Voilà donc aujourd’hui le problème Père Noël : des milliers de jouets, d’écharpes ou de babioles de Noël ont décidé de quitter leur paquets et de fuir les pieds de sapin. Pire tes anciens paquets ont décidé eux aussi de rejoindre la fronde et de quitter les têtes blondes qui les maltraitent avec tant de passion.
Je t’imagine en train de grommeler dans ta barbe. Si après les lutins et les rennes, les jouets s’y mettent, peut être que tu devrais vraiment la prendre ta retraite…
Mais voici quelques témoignages, Père Noël, qui te permettront de comprendre un peu mieux la situation.
Les poupées ne supportent plus d’être baladées par les cheveux à longueur de journée et de servir de cobaye à de futurs psychopathes en devenir.
Les petites voitures dépriment d’être plus souvent lancées que roulées.
Les feutres se meurent laissés à l’abandon sans leur bouchons.
Les crayons de couleur se plaignent des douleurs causées par les coups de dents enragés de ces enfants soit disant sages.
Les pulls qui grattent dépriment au fond de leur placard.
Les bouteilles de rhum savent qu’elles ne verront pas 2023.
Et je te passent tous les legos perdus sous des meubles, les doudous couverts de bave, les parfums revendus sur internet, ou encore les livres oubliés dans une bibliothèque avec tous ceux des années précédentes.
Alors Père Noël, nous, enfin surtout eux, avons une requête, enfin trois plutôt :
– prends donc un peu de recul sur les listes, franchement tu trouves malin d’offrir une paire de ciseau avec une belle poupée à la chevelure immaculée. Tu ne vois pas l’accident arriver ? Je ne sais pas, choisis, un cadeau ou deux, c’est bien déjà ? Non ?
– Honnêtement, à en juger par ce qu’ils m’ont tous témoigné, sont-ils vraiment sages les enfants que tu sur-gâtent ? Non mais j’aimerais bien la voir ta liste des enfants pas sages, t’es sûr de ne pas avoir inversé ?
– Les jouets veulent être plus robustes. Désolée Père Noël, mais la qualité de certains laisse vraiment à désirer.. un lavage et bim le pull est remisé au bricolage. Tu imagines sa peine un peu ? Tu ne voudrais pas un peu faire primer la qualité sur la quantité, dis ?
Père Noël, je compte sur toi pour améliorer tout ça l’an prochain. Sinon en effet, peut être que tu pourrais prendre ta retraite.
Pour ton info, autant te dire que j’ai peiné à mettre tout ce petit monde dehors. Les crayons ont commencé une fresque dans le salon, le rhum a sympathisé avec mon père, les petites voitures ont fait la course autour de la table de la salle à manger et les peluches se sont vautrées sur le canapé. À force de longs discours et de quelques cris, ils ont tous finis par rejoindre à reculons leur foyer respectif.
Pour la poupée, ça a été un brin plus compliqué. Allongée dans mon lit, elle m’appelait déjà maman, en me regardant l’œil torve. Je crois que je l’ai convaincue de partir, j’ai fermé les volets, mais je t’avoue que j’ai peur de les ouvrir demain et de la voir plantée au milieu du jardin…
L’envoi d’un lutin ne serait pas de trop pour m’aider. Le grand brun d’il y a quatre ans serait parfait.
Sur ce, je te laisse méditer à cette lettre pleine de bienveillance et de bon sens.
Tu noteras que je m’améliore et que je prends soin désormais de mon prochain, n’hésite donc pas à m’envoyer une surprise ou deux quand tu en as le temps.
Sincèrement, bon repos.
A l’année Prochaine.
Mylène, ta frondeuse préférée
Joyeux Noël à tous !
(Une tata inspirée par sa nièce tortionnaire 😅)