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Les Aventures Croustillantes +18 ans

Alchimie immédiate

Alchimie du baiser, Photo by Klara Kulikova on Unsplash

J’en parle souvent de cette alchimie. De cette alchimie souvent manquante, et c’est rare de la retrouver par hasard. 

Je ne parlerais de rien de précis ici, les faits seront flous, il n’y aura pas de nom, pas de jour de la semaine, pas de mois.

Tout cela restera bien anonyme et secret.

Invisible

Pour moi, il n’était même pas dans mon scope. Un petit frère tout au plus, un mystère, un jeune homme, plutôt beau mais trop jeune, plutôt malin mais froid. 

Bref pour moi, le séduire n’a jamais été une option, l’embrasser encore moins. Si j’en avais considéré bien d’autres, parfois des moins beaux d’ailleurs, c’est parce que je ne voyais en lui aucun signe d’un quelconque intérêt envers moi et aucun semblant de début de séduction.

Ajoutez à ça qu’il est en couple depuis peu, et selon ses actes et ses dires très amoureux, même la chasseuse que je suis ne mange pas dans le frigo des autres. 


Le dérapage

Sauf qu’il y a eu ce soir là. Trop d’alcool, trop de shots.

Je vais à sa rencontre, pour une raison purement matérielle. Il n’a pas ce que je cherche, tant pis. Je m’apprête à retourner sur la piste de danse, quand il me propose d’aller ailleurs. 

Sur le moment, je ne comprends pas, et puis je ne cherche pas à comprendre. Naïve, je le suis. Et enfin à l’écart des autres, il s’arrête face à moi, et m’embrasse. 

Ça vient d’où ce baiser ? Euh, vraiment je m’attendais plus à voir la reine d’Angleterre sortir de terre que d’avoir ses lèvres  sur les miennes. 

Sauf que ses lèvres sur les miennes sont exactement à la place où elles doivent être. Elles sont gourmandes, douces, sucrées. D’un mouvement, il a ouvert la boîte de Pandore. 

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas ressenti une telle alchimie. Mes gestes trouvent naturellement leur place, je l’agrippe, mon baiser répond au sien et c’est comme si je ne pouvais plus m’en décoller. 

C’est presque compulsif, on se dévore de désir, je l’emmène encore plus à l’écart. Mes hormones sont en feu, je voudrais le faire disparaître en moi.

Lucidité

Alors oui, je suis saoule, et tout est toujours plus fluide, moins gênant quand on est saoule. Mais même saoule, c’est rare que je ne me pose aucune question. 

Quelqu’un pourrait nous surprendre, on pourrait nous voir et pourtant, mon corps ne peut se décoller du sien. Je suis là, sur lui à califourchon alors que ses lèvres attaquent mon décolleté et ma nuque, j’ai une lueur de lucidité. 

« Stop, tu as une copine. » Il s’arrête. Ses yeux me transpercent. 

« Oui. » « Tu l’aimes ? » « Oui. » « Alors on arrête, ce n’est pas bien. « 

« Tu as raison », susurre t’il alors que ses lèvres repartent à l’assaut de la naissance de mes seins. 

Argh, c’est dur, je l’embrasse de nouveau. J’aimerais tellement faire taire cette voix qui me dit d’arrêter. J’aimerais tellement le laisser continuer et me perdre sous ses baisers. 

Mais c’est trop tard. La voix de la raison m’a prise. Je me laisse aller à cette alchimie quelque minutes encore. Je profite de ce désir commun, de ce baiser unique, puissant et vorace. 

Et je m’écarte enfin. Enfin, je joue mon rôle de grande soeur. 

« Tu vas le regretter. » « Hummm…  » « Si tu l’aimes, tu vas le regretter, aller on arrête les bêtises, on retourne danser. « 

Pour seule réponse, il colle de nouveau ses lèvres contre les miennes. Encore une fois, je succombe. Punaise, je ne m’attendais pas à une étincelle de désir comme celle-ci entre nous. 

Lutte, ma fille, lutte. Sois quelqu’un de bien. J’agrippe son crâne, je dévore une dernière fois ses lèvres, je lui susurre qu’il est beau et je me lève. 

« Stop. Je ne veux pas que tu le regrettes. Allons danser. » 

Ses yeux me lancent un mélange de reconnaissance et de frustration. 

« Ok, moi je rentre. « 

Rechutes

Intérieurement, je n’ai aucune envie qu’il s’en aille. J’aimerais rester là sur cette chaise à l’embrasser pendant des heures et plus si affinités. 

Mais il n’en est pas question. J’ai trop de respect pour lui, pour mettre en péril sa relation. 

Je le tire par le bras, il se lève à son tour. Sur le chemin vers la piste de danse, je craque à plusieurs reprises, il me tire vers lui. Son corps contre le mien, son souffle chaud dans mon cou, et je fonds de nouveau. 

J’oscille entre ce devoir d’honnêteté, ce devoir de préserver sa vie à lui, ma culpabilité future, et ce profond désir qui nous lie à cet instant.

Les murs accueillent nos rechutes, mes lèvres ont encore soif de lui quand enfin, dans un dernier baiser, je lui souhaite de bien rentrer. 

À priori à cet instant, l’alchimie est réciproque. Et alors que je tente de reprendre de la contenance sur la piste de danse. Il revient, il s’approche. 

« Rentre avec moi. » « Non, je ne peux pas, pense à ta copine. » 

Il bougonne des paroles inaudibles. Mais il reste là au milieu des danseurs. Et moi j’ai envie de le croquer, je l’amène doucement à moi, et alors que je prétends aux yeux de tous lui dire quelques mots à l’oreille. C’est mes lèvres qui goûtent une nouvelle fois le creux de son cou. Il sent bon, il est beau et c’est si dur de résister.

A cet instant, au delà du pur désir, j’ai presque de la tendresse pour ce beau jeune homme trop saoul pour savoir ce qu’il fait. 

Raison 1 – Alchimie 0

« Accompagne moi au moins jusqu’à l’ascenseur. « 

J’ai tellement envie de l’embrasser, que je ne me fais pas prier. Moi non plus, je ne sais pas ce qu’il se passe ce soir. Nos lèvres se retrouvent avec encore plus d’ardeur devant l’ascenseur. 

« Viens avec moi. On rentre ensemble. « 

Sois forte, sois forte, sois forte. Mon esprit me répète. 

« Bonne soirée. Rentre bien, tu me remercieras demain. « 

Il m’embrasse une dernière fois, j’en frissonne presque. Ses yeux ne sont que frustration et vapeur de vodka. Promis, tu me remercieras.

Les portes de l’ascenseur se referment. Pfffff… Je n’aurais jamais imaginé une telle alchimie entre nous. Jamais. 

Même quelques semaine après cet épisode, il m’arrive de m’endormir en pensant à ses lèvres, à ses mains et à ce désir qui nous liait. 

Si je suis restée sur ma faim, évidemment. Vraiment. Au fond, je sais que j’ai pris la bonne décision. 

Mymy, pour une fois, tu as été quelqu’un de bien…