Le retour du rêveur, Photo by Ricardo Gomez Angel on Unsplash
Nous l’appellerons le Rêveur. Il y a cinq ans, nous avions passé quelques semaines voire mois à nous fréquenter.
Cinq ans auparavant, sa sensualité, sa sensibilité et évidemment son inaccessibilité m’avaient rendue amoureuse. Nous n’avons pas passé tant de temps tous les deux, mais il est resté une référence de ma vie sentimentale.
Pendant longtemps, je le classais d’ailleurs comme mon meilleur coup, jusqu’à l’apparition du gâteau au chocolat. J’avais ce souvenir à la fois doux et très sensuel de lui.
Même notre rupture avait été douce. Je ne lui en voulais pas, je ne gardais de lui que les bons souvenirs, sans jamais imaginer le recroiser un jour.
Nous avions échangé très rapidement en 2020 alors que je profitais de mes premiers mois en Australie. Mais depuis plus rien. Jusqu’à ce texto sorti de nulle part, mi-décembre.
Prise de contact
Un samedi après-midi, je reçois un message d’un certain Thomas Lebreton. Une proposition de verre, pour se raconter nos lifes et échanger sur sa nouvelle passion, l’écriture.
Si je ne connais aucun Thomas Lebreton, je sais très bien qui se cache derrière ce pseudo. Comme pour dissimuler son existence, pour éviter la tentation, j’ai conservé son numéro dans mon répertoire sous un faux nom (oui je sais c’est très étrange 😅, les voix de la Mymy sont parfois impénétrables). Pourtant, même après cinq ans, le pauvre pseudonyme ne sert à rien, puisque je me souviens. Normal, on oublie rarement les amours que l’on a ressentis.
Nous échangeons plusieurs messages et convenons de nous revoir entre Noël et jour de l’an.
J’avoue que je n’en reviens pas de la réapparition de ce fantôme de mon passé. Ça fait des mois que je n’ai pas eu un petit crush, une petite histoire croustillante.
Sauf que voilà, ne dit-on pas de ne jamais ravaler son vomi ? Le loup ne m’aura-t-il pas servi de leçon ?
Bref le revoir me met un peu dans un état d’excitation, ça me donne la perspective d’une petite aventure à laquelle m’accrocher.
Le fail
Arrive la semaine où nous devons nous voir. Il n’a pas l’air hyper dispo. Je ne veux pas paraître trop dispo non plus, après tout c’est lui qui a repris contact.
Heureusement, ma petite aventure du 29 décembre me détache un peu de ces retrouvailles. Et finalement nous nous entendons pour nous revoir le 3 janvier.
La nuit qui précède, je suis prise d’horribles crampes d’estomac, et le lendemain, je suis clairement fébrile. J’ai envie d’annuler notre entrevue, je me sens fatiguée, pas du tout au meilleur de ma forme.
C’est bête, mais ça fait cinq ans qu’il ne m’a pas vue. J’ai envie d’être à mon avantage, mon ego en a besoin. Alors que je m’apprête à annuler, il s’en charge.
Argh, je me sens presque vexée de ne pas l’avoir fait en premier. Lui aussi est malade. Quelle drôle de coïncidence, un petit signe de l’univers pour nous dire que c’est une mauvaise idée ? Peut-être…
Spontanés
On se dit qu’on se verra au mois de janvier. Intérieurement, je me dis qu’on ne se reverra jamais. Lui si motivé pour me revoir trois semaines plus tôt, ne semble plus très pressé de revoir ma bouille… Il a sans doute changé d’avis.
Tant pis pour ma petite dose de croustillant. Deux semaines se passent, aucune nouvelle. Ce n’est définitivement pas à moi de refaire le premier pas.
J’ai des semaines intenses, je l’oublie. Puis jeudi, je sors avec des collègues, je roule des pelles, je regoûte à ce plaisir dont je suis privée depuis quelques semaines.
Alors le vendredi en pleine gueule de bois, le souvenir chaud de lèvres inconnues sur les miennes, je pense à Lui, à mon Rêveur, que j’aimais tant embrasser jadis.
Tant pis pour mon ego, j’envoie un petit texto. Il y répond rapidement. Après quelques échanges, il me propose de se voir ce soir.
Wow, j’ai une gueule de bois de l’enfer, j’ai les yeux qui se ferment devant mon ordinateur et j’ai mes règles… Le summum du sexy en somme.
Pourtant j’accepte. Comme ça, pas de pression. Ce sera fait et le mystère de ce retour sera enfin résolu. Soyons spontanés.
Les retrouvailles
Autant dire que je ne suis pas au max de ma beauté, j’ai une salopette, une chemise informe, les cheveux emmêlés, la peau terne et de belles cernes sous les yeux.
Il va me revoir brute de pomme, c’est moi qui vous le dis.
On se donne rendez-vous dans le centre de Paris, il arrive quelques minutes avant moi. J’ai le temps de l’observer un peu de loin. Il a maigri par rapport au souvenir que j’en avais, il me paraît un peu plus petit aussi. Par contre son style est fidèle à mes souvenirs, je le vois à peine de profil, mais je sais que c’est lui.
Je m’approche, il est de dos, je lui tapote sur l’épaule. Il se retourne, il a à peine changé. Son grand sourire et ses yeux brillants me réservent un accueil plus que chaleureux, il me prend dans les bras comme si j’étais une vieille amie chère à son coeur. Bref il a l’air vraiment content de me voir.
Son odeur non plus n’a pas changée. C’est marrant comme les odeurs vous renvoient tellement plus vite vers le passé. Non, non Mymy chasse de ton esprit les souvenirs qui remontent, renvoie ses images de corps qui communient dans les limbes de tes souvenirs…
Alors qu’on se met en marche en quête d’un bar, je l’observe un peu à la dérobée. Il est vraiment pas mal quand même… On jette notre dévolu sur un petit boui-boui du quartier. L’espace est étroit et notre table est un peu dans le passage, mais ça suffira. Après tout, pas sûre qu’on reste ici très longtemps (wow pas de fausse interprétation, je veux dire, peut-être qu’on n’aura rien à se dire et qu’on rentrera vite chez nous).
Inconnus ?
Çà fait presque cinq ans qu’on ne s’est pas vus, qu’on s’est perdus de vue. Bien sûr parfois, je l’ai stalké sur les réseaux, comme toute bonne ex qui se respecte (un petit coup de mou, et hop, on se rassure comme on peut. Aller j’ai déjà chopé ça, c’est possible, je pourrais en choper d’autres !).
Mais à part 3 pauvres photos en noir et blanc et les quelques textos qu’on s’est échangés, c’est presque un inconnu que j’ai en face de moi. On ne sait plus grand chose l’un de l’autre. Notre petite histoire n’a pas duré assez pour que des liens infaillibles se tissent, pour qu’au bout de cinq ans, on retrouve trait pour trait ce qu’on avait laissé.
Physiquement, il a très peu changé, il a les joues plus creusées et quelques petites rides au coin des yeux. Mais ça lui va bien, ça fait plus homme. Ses cheveux en bataille ont poussé et sont désormais attachés en bun au-dessus de son crâne. Son oreille est toujours parée de deux petites boucles d’oreille. Argh quand on aime le style artiste, on est servi… Je suis servie.
Il dégage la même énergie que dans mon souvenir : une douceur empreinte de mystère et de fantaisie.
Mais en cinq ans, on change surtout intérieurement. Pour ma part, j’ai beaucoup mûri, je me suis assagie sur certains aspects et dévergondée sur d’autres. J’ai construit aussi une petite carapace, et j’ai appris à exprimer mes envies et mes désirs.
Je crois surtout que malgré tous les doutes qui m’assaillent encore (surtout en ce moment), je suis mille fois mieux dans ma peau.
Quand la mayonnaise prend
Mais lui pendant ces cinq années, qu’a-t-il fait, qu’est-il devenu, quels amours a-t-il traversés, quelles joies, quelles épreuves ?
Impossible d’en découvrir autant autour d’une première pinte. Évidemment, au début, les discussions sont timides, factuelles, j’ai fait ci, après ça, et maintenant je fais ça… Ah oui, moi aussi j’ai fait ça… Blabla. On reste éloignés des sentiments, loin des sujets de fond, on barbote dans les anecdotes superficielles.
Il y a un côté assez rassurant d’ailleurs à évoquer tous les faits marquants de ces dernières années. Surtout comme moi, quand un an et demi de ces années était la découverte de moi-même en Australie, le reste étant la découverte d’un job que j’adore…
Oui c’est facile de raconter cinq années, quand elles ont pas mal chamboulé ta vie positivement…
Après le premier verre, après la mise à jour de nos vies, la conversation prend un autre tournant. On évoque enfin nos émotions, nos histoires, et finalement, la mayonnaise commence à monter. La deuxième pinte arrive et je me dis qu’elle pourrait être suivie de beaucoup d’autres, parce que je passe vraiment un bon moment. (Enfin beaucoup toute proportion gardée… Quoique sa présence a complètement annulé ma gueule de bois !).
Jusqu’au moment où…
Ouch
Je ne sais plus comment ça vient. Il me semble qu’il me demande ce qu’il se passe dans ma vie côté coeur. Et alors que moi, un peu incrédule, je lui réponds : « Rien, c’est le néant, ça fait hyper longtemps que je n’ai pas eu de coup de coeur. », il enchaîne en me parlant d’une collègue avec qui il commence une histoire.
Vous vous rappelez l’entrain retombé en trois semaines… Bah je crois qu’on a la réponse du pourquoi ! Haha c’est bien ma veine.
Je lui souris, je lui pose des questions, mais au fond je suis amère. Super merci… Du coup, le verre, tout ça, c’est vraiment juste pour parler écriture ? C’est moi qui suis naïve ou bien ? Mymy, encore une fois tu t’es fourvoyée… Tsss
Quoique… C’est drôle, parce que quand j’ai reçu son texto, j’en ai parlé direct à ma brigade de copines, les expertes en chef. Et je leur disais ; « A tous les coups, je me fais des films, il veut vraiment me parler écriture, et il a une meuf. ». Évidemment, elles réfutaient avec bienveillance cette hypothèse.
Pour une fois, j’aurais préféré avoir tort …
Donc il est là, assez ému d’ailleurs en parlant de cette histoire, à me raconter, à me confier ses sentiments, ses doutes, et son envie d’avancer. Trois semaines, qu’ils sont ensemble. C’est les prémices et en même temps, le moment le plus excitant.
Une partie de moi est assez touchée par sa façon d’être, ses petits yeux pétillants qui s’humidifient légèrement en parlant de ses émotions. Et l’autre partie est juste saoulée. Haha super, heureuse pour toi, bichon. Bon on se casse, on rentre chacun chez soi ?
Confidences et cocktails
Je ne serais pas moi, sans toutes mes contradictions. Et donc, je reste. Pourquoi ? Sans doute parce que la conversation dérive sur d’autres sujets et que je trouve rafraîchissant un homme aussi proche de ses émotions.
Ses yeux sont souvent humides, il me regarde, et j’ai envie de le prendre dans mes bras. Contrairement à mon face à face avec le loup, je sais qu’aujourd’hui encore, je pourrais avoir du désir et même de l’amour pour ce doux rêveur.
Après quelques temps, et quelques frites, on change de bar. Celui-là est plus animé, et plus chaleureux aussi. On passe aux cocktails.
Je le sens plus ouvert, l’alcool le désinhibe, et je ne peux m’empêcher de tenter quelques mini rapprochements physiques. D’abord, assis au bar, je presse mon genou contre le sien. Mais il semble le retirer à chaque fois de manière imperceptible.
Puis nous nous installons à une table, et encore une fois, je laisse traîner mes grandes pattes espérant un minuscule contact. C’est que j’ai de plus en plus envie de le toucher. Pas nécessairement de l’embrasser, mais de le palper, de le prendre dans mes bras, de mettre ma peau au contact de la sienne.
Compliments et hésitations
L’alcool fait son travail, et mine de rien, on est tous les deux bien plus détendus. Il est chou, il me dit que je n’ai pas changé, que je fais même plus jeune. J’aimerais qu’il ait raison, et sur le moment, je prends le compliment avec grâce. Il faut savoir embrasser les petits shots d’ego comme celui-là.
Plus les minutes s’égrènent, plus je le trouve beau et sensuel. J’ai envie de le dévorer tout cru, mais je n’ai pas le droit…
Argh encore une épreuve de frustration pour la petite Mymy… Non mais c’est bon là ? C’est un problème de karma ou quoi ??! Je ne demande pas grand-chose pourtant, juste un peu d’alchimie avec quelqu’un SANS MEUF !! Tsssss
Mon regard se jette dans le sien, je lutte pour ne pas y mettre tout mon désir, pour le laisser le plus neutre possible.
« Ne me regarde pas comme ça… »
Oups, raté. Pourtant promis, j’ai tout fait pour l’empêcher.
« J’ai très envie de te choper… Mais faut pas… Je ne peux pas. »
Ha ha haha… 🎶 C’est l’histoire de ma viiiiiiiiiiie, ce cycle éterneelllll, d’une envie inassouviiiiieeee 🎶 . Eh bah super, je fais quoi de ça. Moi aussi, je rêve de passer par-dessus cette table, de pousser ton voisin de banquette, et de te rouler une énorme pelle.
Oui moi aussi, je veux que nos lèvres se goûtent, qu’elles se plongent dans les souvenirs qu’elles ont en commun. Mes doigts s’impatientent déjà, veulent venir te caresser la nuque, veulent attraper doucement tes cheveux… Stop Mymy… Pas le droit !
Je sens qu’il hésite. Si je m’y prenais bien, je pourrais le faire craquer. Mais ce ne serait pas juste… Attends, c’est vrai que ma frustration à moi, non plus n’est pas juste. Aller un petit bisou, juste un seul… Non !
Demi-raisonnables
Je me raisonne, il a raison, si on se chope, il le regrettera demain. Alors à quoi bon… Et puis, soyons honnête, si on s’embrasse, j’en voudrais plus, je ne me contenterais pas de ses douces lèvres…
D’ailleurs, si nos corps se retrouvent, je risque de ne plus me contenter de grand-chose, je risque de retrouver cette toute petite flamme, ce petit charbon ardent prêt à se consumer de nouveau pour lui. Pour mon bien être (ma libido s’insurge, pour elle, le bien être, c’est là maintenant !), il vaut mieux que rien ne se passe.
On en plaisante, on continue à se dévorer du regard, nos mains se touchent, nos doigts se palpent, on s’attrape les avant-bras. Nos corps ressentent le besoin de se connecter eux aussi.
Alors quand il propose à demi-mots de venir dormir chez et seulement dormir et se faire des câlins, j’accepte. Après tout, les câlins ça ressource, et ça ne peut pas nous faire trop de mal.
Avant de se mettre en route, il m’attrape les mains, les joint avec les siennes. C’est comme une prière à deux, il se penche, me regarde droit dans les yeux. Ses iris foncées se confondent avec sa pupille. Il va m’embrasse, il va m’embrasser… Nope haha.
« N’attends rien de moi, Mylène. Je ne te promets rien de plus qu’une nuit de câlin. Ne t’attends pas à plus… »
Il continue comme ça quelques phrases de plus. Je hoche la tête. Finalement, est-ce que ça ne ferait pas longtemps que je n’attends plus grand chose des hommes ? Je le rassure, je n’attendrai rien de plus que cette parenthèse de tendresse.
Bienvenue
Doucement, on quitte le bar, et accrochée à son bras je le guide à pied jusqu’à ma tanière. Il y a une bonne demi-heure de marche, peut-être plus, peut-être moins. S’il vient jusqu’à mon appartement, c’est qu’il en a vraiment envie. Sur tout le chemin nous discutons, nous plaisantons, il a hâte d’arriver.
Avec ce froid, s’il n’a pas les idées claires en arrivant, je ne pourrais rien pour lui. Mais la vraie question, c’est : est-ce que je vais tenir ? Vais-je vraiment réussir à me contenter de câlins innocents ? Ou la panthère va-t-elle finir par vouloir planter ses crocs ?
Enfin arrivés, il découvre mon appart… en bordel. Eh oui, je vous rappelle que la veille, je suis rentrée à 4h30 chez moi, et que j’ai filé à 8h45 au boulot… alors autant vous dire que je n’ai pas eu le temps de ranger. Pourtant, il est plutôt dans la surprise positive.
Je file à la salle de bain pour gérer un cas de remise en état de force majeure, et je le laisse prendre possession des lieux. Quand je sors enfin de la salle de bain, il est affalé dans mon fauteuil en t-shirt.
Si je ne respectais pas autant sa décision, je serais venue me mettre à califourchon sur lui, j’aurais posé mes lèvres sur sa nuque avant de remonter vers ses lèvres. MAIS je respecte, toute sage la Mymy.
La panthère est devenue un pauvre chaton sans défense.
Très vite, il se dirige vers mon lit.
« Ça ne te dérange pas si j’enlève mes vêtements ? ». Roh bah non, t’inquiète, frustrée pour frustrée… Il se déshabille rapidement, et s’allonge sur le lit en boxer. J’avais eu l’oeil, il a un peu maigri, mais c’est marrant, je reconnais quand même son corps, ses poils.
Une nuit de bonne soeur
Des bribes de souvenirs me reviennent. Haha ça risque d’être plus dur que prévu ton histoire, miss… Je me mets moi aussi « à l’aise » en petit string noir. On est à égalité.
Très vite, il se met sous la couette et on éteint la lumière. Nous voilà plongés dans le noir, et nos corps commencent à se toucher. Attention pas un toucher coquin (à mon plus grand désespoir à ce moment-là), non de gentilles caresses.
Il me serre dans ses bras, on se papouille, nos torses se collent l’un à l’autre, nos jambes se mélangent. C’est quand même si bon de se blottir contre le corps de quelqu’un qu’on aime bien. On reste ainsi à se palper, à se presser l’un contre l’autre longtemps.
Puis naturellement, blottie dans ses bras je m’endors. Toute la nuit, on se réveille et on se rendort pour se retrouver, nos corps cherchent la chaleur de l’autre. Parfois, je viens me coller à son dos, j’y dépose de doux baisers qui ne semblent pas le réveiller.
J’aurais pu presser mes fesses plus fort contre son entrejambe quand il venait m’entourer de son corps. Mais non, je suis méconnaissable, je tiens.
Pas de dérapage
Mon réveil lumineux éclaire la pièce comme s’il faisait jour, alors qu’il est à peine 6h. Je m’extirpe de la couette, je me penche à quatre pattes et je tends le bras pour éteindre.
« Argh qu’est-ce que t’es sexy. »
Haha bah oui petit rêveur, si ce n’est pas facile pour moi, j’imagine que pour toi, à cet instant non plus. Il s’est enroulé dans ma couette, se protégeant de ces fesses qu’il ne saurait voir.
Je me colle à son dos, j’effleure sa peau de mes doigts. S’il pouvait ronronner il le ferait.
Globalement, nous passons la matinée à ça, en se rendormant de temps en temps. Souvent, je le regarde dormir, je joue avec ses cheveux. Quand on se voyait, je le regardais souvent dormir d’ailleurs, si apaisé, si calme, si chaud.
Il est plus de 10h quand on se réveille pour de bon. Nos peaux profitent encore de la chaleur de l’autre. On ne va pas se quitter tout de suite. Qu’est-ce qu’on est bien collés… Je pourrais y passer ma journée.
On se papouille avec sagesse, sans déborder… Jusqu’à ce que nos corps commencent à dire stop.
Face à face serrés l’un contre l’autre, je sens son désir qui augmente contre le mien. Mon désir commence à être à son paroxysme, je rêve de goûter à ses lèvres, de mordiller son cou, de sentir ses mains m’attraper.
Il le sent aussi, il sent que tout ça peut déraper, et va déraper si on n’arrête pas très vite.
« Faut qu’on sorte là, je ne vais pas tenir sinon. »
Petit déjeuner
Argh, je suis frustrée, j’étais bien dans ses bras, j’avais envie que ça switche en mode coquin. Mais la situation est la même qu’hier soir, et il n’est pas question de déroger à notre petite règle… On se fait quelques papouilles de loin en discutant, et on quitte la couche après un dernier câlin.
En plus, il est beau en cette matinée. Le soleil entre doucement dans la pièce, la lumière est naturellement tamisée par les rideaux. Il est allongé, appuyé sur son coude, ses longs cheveux détachés. Ses iris noires me regardent avec un mélange de complicité et de bienveillance. Un doux sourire est posé sur ses lèvres.
Si je savais dessiner, je prendrais mon crayon, si je savais photographier, je saisirais mon appareil, mais je n’ai que mes mots et ma mémoire pour ancrer cette image.
Il me propose d’aller prendre un petit déjeuner ou un café dehors. Très bonne idée, ça nous évitera de gâcher cette nuit d’abstinence.
Au café, nous retrouvons un peu notre timidité, comme si nous retrouvions l’un et l’autre nos vies respectives. Il se rappelle sans doute sa dulcinée, et moi toutes les choses que j’ai à faire, et ma solitude aussi.
C’est tout même un doux moment. On finit par se raccompagner l’un et l’autre au métro. Il me prend dans ses bras. Pas de promesse, pas d’adieu, qui sait quand on se recroisera.
Au revoir, doux rêveur, à tantôt…