Nuit interdite, Photo by Vidar Nordli-Mathisen on Unsplash
C’est l’histoire d’une nuit. D’une nuit, où le souvenir d’un baiser quelques mois plus tôt, mène au dérapage.
Il est là, dans ma tanière, petite proie innocente qui ne sait pas vraiment ce qui l’attend. Moi non plus d’ailleurs, je ne sais pas trop ce qu’il fait là. On n’est pas seuls, et pourtant, dans un coin de ma tête, je me dis que ce qui a été commencé mérite une suite.
Chaton
Assis sur mon tapis, adossé au fauteuil dans lequel je suis installée, il accepte que je lui masse le cuir chevelu. Mes doigts parcourent son crâne et sa nuque avec douceur. Il se laisse faire comme un gros chat, il en ronronnerait presque.
À ce moment là, je me considère avec le bûcheron, et lui a toujours une copine. Pourtant, je sens naître au creux de mes reins un désir que je ne connais que trop bien.
Mes caresses continuent, alors que la discussion va bon train avec mes autres hôtes.
Il finit par me rejoindre sur le fauteuil. Ses longues jambes viennent se poser sur les miennes. Et mes doigts eux reprennent leur mouvement, ils se baladent sur ses tibias, ses genoux et s’aventurent plus haut.
Quelles coquines ces petites phalanges qui dessinent des arabesques sur son pantalon bordeaux. Ce n’est pas bien me crie mon cerveau. Tu sais que c’est interdit.
Mais il est plus de 3h du matin, je n’ai pas bu que de l’eau et mes désirs passent avant ma raison. Mettez donc un beau gâteau au chocolat dans le frigo d’une affamée… évidemment qu’elle aura envie d’en goûter une part.
Proposition interdite
Ils auraient dû tous quitter l’appartement, ils auraient dû tous suivre le mouvement quand le premier est parti.
Mais il est resté. Et quand je lui ai proposé de dormir dans mon lit plutôt que dans le fauteuil, il a suivi, docile. Savait-il dans quoi il s’embarquait ?
La panthère ne l’a pas aidé à rester sage. Alors qu’il n’a pas quitté son chino et son t-shirt, j’ai fait glisser ma jupe à mes pieds, et j’ai enlevé mon body d’un geste théâtral. Parée de mes sous-vêtements rouges en dentelle, je lui laissais peu de doute quant à mes intentions.
Je me suis glissée sous les draps face à lui. Aïe Aïe ce n’est pas bien ce que tu fais, Mymy. Il est encore temps de te tourner de ton coté et de le laisser tranquille. Non, mais promis, je ne tente rien, je m’approche juste un peu…
Nous nous faisons face, lui non plus ne s’est pas tourné au bout du lit. Lui aussi a choisi de s’installer presque au milieu. Lui aussi a un désir qu’il ne s’explique pas en cet instant.
Tension palpable
Alors comme aimantés l’un vers l’autre, nos corps se rapprochent. Centimètres par centimètres, nos corps se meuvent avec lenteur. Mon désir est croissant.
Je ne veux pas le brusquer, je voudrais continuer cette tension qui nous sépare toute la nuit. Mon corps tout entier se rappelle de l’alchimie qui nous a déjà réunis. Il en veut plus.
Enfin nos nez se frôlent, ils se touchent. Je sens son souffle sur mon menton. Nos respirations s’accélèrent. Puis dans un dernier soubresaut, nos lèvres finissent par se toucher. C’est trop tard.
Impossible de reculer maintenant. Tout mon corps crie son désir, les lèvres se retrouvent après plus de six mois, et elles apprécient les retrouvailles. Tout va vite ensuite, les vapeurs d’alcool rendent nos gestes maladroits et les souvenirs parfois un peu confus.
Après un baiser effréné, mes lèvres veulent goûter autre chose. Il enlève son thirt, et son pantalon est vite dégraffé, mes lèvres partent à la découverte de son grand corps mince et viennent se poser sur son fruit défendu.
Oups
Je le sens très excité et ça ne fait qu’augmenter la mienne d’excitation. Il est parfois un peu brusque par contre. Comme élevé au porno, il appuie sur ma tête comme pour me donner le rythme.
Tout doux, jeune étalon, laisse-moi t’enseigner qu’une femme n’est pas une poupée. Vue notre alchimie, nous n’avons pas besoin de ça pour nous exciter, crois-moi. Je détache ses doigts de mes cheveux, je l’embrasse de nouveau, et il se laisse faire, comme apaisé.
Mais moi j’en veux plus, je veux sentir son corps sur le mien, dans le mien. Je veux que toute notre chair retrouve sa complicité. Alors je me penche par-dessus son corps en transe et j’attrape un préservatif dans mon tiroir.
Visage paniqué, comme s’il réalisait enfin ce qui était en train de se passer.
« Je ne peux pas, j’ai une copine.
– Oui, tu as raison, pardon, pardon. »
Je garde le petit bout de latex dans ma main. Un instant, je me sens un peu coupable. Puis je me tourne, au bout du lit, contre le mur, le plus loin possible de lui. Je glisse tout de même le petit carré sous mon oreiller. Oh, ça va, on ne sait jamais hein.
Le câlin de trop
Il me tapote sur l’épaule.
« Ça va ? Je t’ai vexée ? »
J’entends l’inquiétude dans sa voix. C’est trop chou, il est inquiet de m’avoir fait de la peine. De la peine, non, chaton, juste une énorme frustration, mais ne t’inquiète pas, c’est une croix que je porte bien trop souvent.
« Non, non ne t’inquiète pas, mais il vaut mieux qu’on prenne nos distances. «
J’aurais dû m’arrêter là, oui, ça, ça aurait été juste, Mymy. Hop chacun de son coté et on n’en parle plus. On oublie la petite gâterie et on reprend nos vies.
Sauf qu’à ce moment là, mon corps en redemande, si je n’ai pas de sexe, donne moi juste un brin de tendresse.
« Je peux juste avoir un petit câlin ?
– Oui, bien sûr. «
Son corps longiligne s’approche du mien, et je ne peux m’empêcher de cambrer mon bassin pour blottir mes fesses contre son entrejambe. Ok je sais, c’est pas du tout fair… Mais nous mettrons ça sur le compte des hormones.
On recommencera ?
Ses bras m’entourent, me serrent et je suis bien. En vérité, j’aurais pu m’endormir comme ça, mais je sens que ses caresses à lui repartent. Il essaie de se contenir, je déplace sa main contre mon sein.
Mais si menu soit-il, il lui fait de l’effet. Les bonnes résolutions s’envolent avec son caleçon et nos corps eux sont bienheureux que la passion ait encore une fois surpassé la raison.
L’ébat est court, il a trop bu, il vient vite. L’excitation retombe comme un soufflé. Le sommeil me prend hyper rapidement. Je ne le sens pas se rhabiller.
Quand je me réveille, il est assis les jambes tendues, les mains autour du crâne. Il a le regard fuyant. Ses yeux crient « Oh merde, j’ai fait une sacrée connerie. Merde merde, qu’est-ce que j’ai fait, j’ai une meuf. ».
Il me sourit à peine, après quelques minutes, il se lève, se fait une toilette de chat dans la salle de bain et part, emportant avec lui, celui resté assommé par l’alcool qui dormait dans le deuxième fauteuil.
Des regrets ? Je n’en ai qu’un seul, qu’on ait été trop saouls, trop pressés par le temps, trop peureux d’être surpris, bref qu’on n’ait finalement pas eu assez de temps. Parce que j’en suis persuadée que de l’alchimie, nous en aurions à revendre…