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Les Aventures Croustillantes +18 ans

Tiraillée

Vide, mais tiraillée… Photo by charlesdeluvio on Unsplash

Déjà presque trois semaines que mes aventures policières sont passées. Trois semaines, ce n’est pas non plus la mort, ça passe vite. Sauf que la tentative avortée sur mon alchimiste préfèré m’a laissé ce sentiment doux amer de frustration et d’inachevé.

C’est pleine de cette envie, avec une libido qui frise le firmament que je part en vacances en Croatie.

7 jours à visiter, à me baigner, à marcher et à profiter avec Ju. Une petite parenthèse ensoleillée dans l’automne qui commence.

Tout est parfait… Bien sûr, nous croisons quelques beaux croates (Humm notamment ce vigneron sexy… argh ou ce propriétaire de Airbnb dont j’aurais bien fait mon quatre heure…). Mais impossible pour moi de chasser.

On partage notre chambre, on sort peu, et je ne sais pas… Je ne me sens pas un mojo près à laisser ma pote seule pour rentrer avec un inconnu.

C’est donc complètement sur les dents, avec une envie de sexe de l’espace que je rentre en France tard dans la nuit du jeudi.

Back to business

Avant mon départ, par envie de rencontres, de caresses et de plus si affinités, j’avais réinstallé quelques applis.

Un fameux Na (je ne saurais sans doute jamais son vrai prénom…) me tentait bien sur le papier. Souriant, sympa, il avait le compliment facile et la discussion était fluide.

Nous avions convenus de nous voir le vendredi soir suivant mon retour. Et autant vous dire qu’avec mon appétit sexuel, j’avais hâte.

Sauf que voilà, si cette idée me semblait lumineuse en début de matinée, les heures passants, je commence à me démotiver.

J’ai peu dormi, ça fait presque deux semaines que je n’ai pas eu une soirée à moi, et d’un coup, je ressens le besoin de solitude.

En plus, je les connais les applis, à tout moment, je suis déçue. Bref, je n’ai pas envie de faire d’efforts ce soir…

Tiraillée

Là, un débat s’enclenche avec moi même. Annuler et rester au chaud à lire un bouquin chez moi, ou sortir boire un verre avec un inconnu et contenter enfin ma libido débordante… le choix est cornélien.

Très vite, et malheureusement pour lui, je sens que je penche vers le bouquin.

Alors je tente de négocier par messages, un report de notre petit date. Il insiste, me fait douter.

J’accepte, puis je me ravise, puis je remets en doute notre décision.

Bref après avoir tergiversé bien trop longtemps, il est déjà en route, et il est trop tard pour annuler.

J’envoie un dernier texto un peu maladroit, l’informant que « c’est quitte ou double, soit je suis convaincue, et la soirée pourra durer, soit je ne le suis pas et auquel cas, je ne ferais aucun effort pour rester… ».

Il arrive dans mon quartier, je prends ma motivation à deux mains, et je me lance.

Déçue… Et surprise

J’arrive devant le bar. Il m’attend à l’intérieur, son visage est souriant. Il est plus maigre que je ne pensais.

Oui, je le pensais plus massif, moins osseux, plus grand aussi. Il dégage un truc un peu étrange. C’est sans doute son regard, franc, très franc, trop franc.

En somme, je suis plutôt déçue. Mais je m’attable tout de même.

Il commence par me reprocher mes derniers messages.

« J’étais surpris par tes derniers messages, je me suis dit mais c’est qui cette fille, elle n’est pas très intelligente. Avec des messages pareils, si t’es pas à la hauteur, je m’en vais… Alors que quand on s’écrivait, j’avais l’impression que tu étais une fille intellectuelle, intelligente, intéressante… »

Je suis soufflée ! Il est sérieux, il va vraiment commencer le date par me reprocher mes sms de doute. Euh, tu commences très mal bichon, vraiment !!

Je suis mal à l’aise, je commence à me justifier, puis je me ravise, c’est comme ça, c’est mon humeur du moment, il fait avec ou il ne fait pas ! Voilà !

Philosophie et… Questions étranges

Contre toute attente, la conversation devient hyper intéressante. Les verres de vin blanc m’ont détendue et nous parlons de beaucoup de choses.

Philosophie, théâtre, éducation et enfance, tout ou presque y passe. C’est profond, c’est drôle par moment.

Je sens que je parle trop, mais c’est lui aussi qui me fait autant parler. Il me pose des tonnes de questions, et ce moment qui me paraissait insurmontable devient hyper agréable.

Ses yeux me scrutent de plus en plus avec gourmandise, et ses iris me paraissent de plus en plus charmantes (le vin a dû aider, ne nous mentons pas…).

Jusqu’au moment où, profitant d’une pause cigarette dehors, il entame un sujet complètement inapproprié.

« Et toi, qu’est-ce que tu n’aimes pas dans le sexe ? »

Euuuuh… mais ça vient d’où cette question de but en blanc. Puis alors merci pour la question, parce que c’est pas du tout large comme question… Je te rappelle cher Monsieur que nous n’avons pas tous le même prisme sexuel.

Je reste sans voix, et j’élude un peu la question. Il insiste un peu, je me renferme. Oh oh, tu te rends compte que tu vas commencer à me braquer là ?

« Tu avales ? »

J’en recrache presque mon vin blanc. Mais elle sort d’où cette question ? on parlait de Spinoza, il y a à peine cinq minutes.

« Ca dépend. » Mais Mymy, pourquoi tu réponds !! Ohhh Mymy, ne réponds pas à ça ! Ne l’incite pas.

Deuxième chance

Nous regagnons l’intérieur du bar. Il finit par sentir que je me suis braquée, alors il change de sujet.

Il me faut bien une demi heure et un autre verre de blanc, pour me détendre de nouveau. Argh, il est doué, j’en oublie l’incident et il me paraît de nouveau désirable.

Alors que je passe aux toilettes, il règle l’addition. Il est encore tôt, et je ne me voyais pas encore rentrer. Il me guide jusqu’à la porte et ose une main sur ma hanche.

J’oscille entre gêne et envie. Cette histoire de questions inappropriées me trotte encore dans la tête, mais voilà mes hormones prennent le dessus, et cette main chaude qui s’est installée me donne envie de poursuivre.

Après un tour au Franprix pour acheter une bouteille de blanc, nous montons mes escaliers. A peine arrivés dans le studio, il m’attrape par la taille m’amène à lui et m’embrasse.

Bon aller, laissons lui le bénéfice du doute, après tout.

Mécanique mais efficace

Ses doigts s’emparent rapidement de me vêtements pour m’en débarasser. Je le déshabille à mon tour. Il est quand même sacrément maigrichon… Bon ça ne m’a jamais arrêté, mais je m’attendais à plus de chair quand même.

Il m’allonge sur le lit et commence à s’occuper de moi. Je ferme les yeux, et j’imagine le beau vigneron de Split. Si les gestes semblent étudiés, studieux même, il faut dire qu’il fait mouche.

Je me tortille rapidement, et très vite je lui demande de venir sur moi. Il enfile un morceau de latex, et c’est parti.

Mon corps en avait vraiment besoin, il se délecte de l’instant. Par contre, mon cerveau lui est tiraillé entre le plaisir qu’il ressent, et l’envie de l’après, de la solitude qu’il demande tant.

L’orgasme arrive pour lui, le mien n’était pas loin.

On fait une petite pause où les caresses vont bon train, il me papouille tout le corps. Les compliments pleuvent. « Tu es magnifique. Ohlala, si tu savais comme tu es belle. ».

Au début, je suis flattée, je nourris mon égo, je rougis. Mais les compliments deviennent trop nombreux et le plaisir de les entendre fait place à un certain écoeurement… Une gêne même. Trop de compliments tuent le compliment.

Pause instructive

Les papouilles se retransforment vite en deuxième round. Cette fois-ci, c’est moi qui m’occupe de lui, et c’est finalement moi après quelques petits changements de position qui finit par jouir.

J’avoue, j’ai joui dos à lui mes pensées tournées vers la mer Adriatique et Felipe…

Il faut lui accorder une grande connaissance du corps féminin, ses doigts sont précis, ses caresses efficaces et il sait adopter le rythme parfait pour vous faire grimper au rideau.

Il est temps d’ouvrir la bouteille de blanc. Nos ébats l’ont rendu plus volubile et il commence à me raconter un peu sa vie.

Rappelons-nous tout de même, qu’à ce moment là, je ne sais toujours pas si Na c’est pour Nacer, Nassim ou Nathan… Je ne sais pas non plus d’où lui vient son léger accent étranger.

Lors de notre converstion, il évoque d’autres femmes (Fair enough, je serai bien la dernière à juger…), mais quand il emploie plusieurs fois le mot « magnifique », je tique… Je suis belle et magnifique à ses yeux, mais à priori ça n’a pas grand chose d’exceptionnel…

On se fait face, chacun dans un fauteuil. Il tapote l’assise près de lui pour m’intimer de venir. Je deviens lasse, mon envie de solitude se réveille, je veux qu’il parte.

Non, je secoue la tête, il n’a qu’à venir dans mon fauteuil lui.

Une dernière fois tiraillée

Il s’approche de moi. Mon cerveau veut qu’il parte, mon corps lui veut qu’il reste encore un peu. Je me lève, il me serre, fait glisser le long de mon corps la nuisette que j’avais passé rapidement.

Il m’embrasse, me goûte encore, continue avec ses compliments. Et nous commençons un troisième round, debout au milieu de mon salon (de mon studio quoi ^^, c’est pas comme si j’avais mille pièces à parcourir). Sa main se pose sur mon fruit défendu.

Et là, un énorme orgasme me traverse, j’en tremble, il irradie dans tout mon corps. Puis il retombe.

Mon corps est rassasié, il est enfin prêt à écouter ma raison, mes envies. Mais Na est toujours en moi, derrière moi, haletant à me déverser plus de compliments à la minute que je n’en ai eu sur toute mon année.

C’est horrible, mais je veux qu’il parte, je veux qu’il quitte mon appart là maintenant. La situation est compliquée pour le chasser. Mes yeux parcourent la pièce en quête d’une solution, puis tombent sur mes poings serrés.

Un instant, j’observe mes poings restés serrés après l’orgasme, je les serre un peu plus.

Actrice un jour…

L’idée arrive d’un coup, je serre mes poings de plus en plus fort. Je commence à balancer mon buste d’avant en arrière. Puis je me dégage de lui.

« Çà ne va pas du tout là. »

Il s’écarte surpris. Je m’allonge sur mon lit en position foetale.

« Je crois que je fais une crise d’angoisse. » »Oh ma pauvre, ça va ? »

Argh, pas si facile de le faire partir. Je me recroqueville encore plus, et il vient se placer derrière moi pour me faire un câlin.

« J’ai besoin d’être seule je crois. » « Ah bon, t’es sûre. ».

« Oui, il faut que tu partes, désolée. ».

Il me regarde, relâche son étreinte. Je joue à fond la fille farouche, qui se blottit dans sa couette en proie à une crise d’angoisse terrible.

Rapidement il se rhabille, s’enquiert un peu plus de moi, me recomplimente encore un peu. Puis il finit par passer la porte et s’en aller.

Ouff je respire enfin, j’enfile un long t-shirt, je m’installe dans mon fauteuil, et j’attrape mon bouquin.

Enfin seule.

Epilogue

J’avoue que je m’en suis un peu voulue. Le pauvre, il a dû se sentir sacrément mal.

Mais il m’a écrit juste après, m’a complimentée encore. Il m’a même proposé d’autres sorties.

Les semaines ont passées, il a compris que je ne voulais pas forcément le revoir. La question est tombée, j’ai été presque honnête.

Mais si doué soit-il en matière de corps féminin, il manquait ce désir animal. La mécanique c’est bien une fois, mais pour réitérer il aurait fallu plus d’alchimie.