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Les Aventures Croustillantes +18 ans

Un Viennois

Quand une française rencontre un viennois, Photo by Sandro Gonzalez on Unsplash

Cet article sera bref, aussi bref que mon passage à Vienne, qui n’aura duré que quatre jours.

Mais aussi bref fût-il, il a embrasé mon mojo.

Contexte

Nous voici donc quelques jours, avec ma petite Ju, à Vienne. Nous avons enfilé nos baskets et nos cirés…

Vienne, c’est un peu un musée à ciel ouvert, les bâtiments sont tous plus beaux les uns que les autres. Il y règne un ordre assez dingue.

Avec Ju, je retrouve mon humeur enfantine. J’ai envie de faire des cabrioles, de sauter, de danser sur les pavés mouillés. Ju est de mes amis avec qui je me sens pleinement moi même. Et qui dit moi même dit forcément un gros brin de folie.

Alors je saute, je ris, j’invente, je dis n’importe quoi, et mon énergie ne tarie pas.

La rencontre

Premier matin, premier monument. Les gouttes nous arrosent copieusement alors que nous longeons le palais de Hoffburg.

Alors que l’on passe devant l’entrée principale, un homme avec un drôle d’accoutrement nous aborde. Il porte un pardessus rouge avec des boutons dorés et un tricorne noir. Il a un look de pirate ou de garde du roi.

Oui, il vend quelque chose, évidemment ! Mais sa manière de nous aborder est tellement sympathique que nous finissons par nous arrêter et écouter sa diatribe.

Des places de concert de musique classique, voilà ce qu’il essaie de nous refourguer. Il n’est pas très grand, il a une belle barbe et des yeux noirs rieurs. Honnêtement, ce n’est pas l’homme le plus beau de Vienne ( d’ailleurs, il fait plus italien que hongrois) mais il a un charme certain. Et puis il est drôle, et nous aussi. Les blagues fusent des deux côtés, et ce qui devait durer seulement quelques secondes prend une dizaine de minutes.

Quand il se met à chantonner chacune des musiques du programme, il a raison de nous, et nous finissons par lui acheter des places pour le soir même. Sans regret.

Avant que l’on parte, il me confie sa carte. Si nous aimons le concert, nous lui payons un verre. Si ce n’est pas le cas, il nous paie un verre. Dans tous les cas, je comprends qu’il a envie de nous revoir.

Musique, vin blanc et date

Le concert de musique est un moment très sympa. Le fait qu’un des violoniste ressemble comme deux gouttes d’eau à Orlando Bloom n’enlève rien…

Je me vois donc dans l’obligation d’envoyer un petit message à Valentino. Il répond presque dans la minute.

Nous convenons de nous retrouver le lendemain soir, lui, son pote, Ju et moi.

Après une journée à marcher dans toute la ville, nous trouvons refuge dans un petit bar de quartier avec Ju. Il est tôt quand nous entamons la première bouteille de vin blanc (un vrai délice, minéral, léger, sec, à boire sans modération).

Valentino m’annonce un petit retard, et nous avons le temps de commander une deuxième bouteille et de presque la terminer quand enfin il apparaît dans l’embrasure de la porte.

Il porte un bonnet, et une tenue moins théâtrale que la veille. Il a un look un peu street mais soigné.

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’est roulé dans le parfum. Ce n’est pas désagréable, mais il a un peu forcé sur la dose.

Il est seul, je le questionne, où est son pote ? J’aimerais éviter que l’une de nous ne finisse par tenir la chandelle.

Entreprenant

La soirée est très sympa, on rit pas mal. Je me rends compte que je n’ai pas trop perdu de mon anglais, et je suis plus que bavarde.

Son pote finit par arriver lui aussi. Il est d’une gentillesse qui transparaît immédiatement dans son physique.

Valentino se place à ma gauche et Will (ce n’est pas du tout ça son prénom, mais désolée, j’ai oublié…) à coté de Ju.

Il n’y a aucun doute sur les intentions de Valentino, il enchaîne les regards langoureux, les compliments qui tombent justes, et quelques caresses dans mon dos.

Ça faisait longtemps que quelqu’un ne m’avait pas regardé comme ça. Il a l’air presque amoureux. Sous le charme, ça c’est certain. Nous entamons deux conversations en paralèlle, Ju avec Will et moi avec Val.

Il est drôle, mais je me sens encore plus drôle que lui à ses cotés. À chacune de mes blagues, il est hilare. Il boit chacune de mes paroles fasciné.

Puis quand les deux autres ont le regard ailleurs, il se penche vers moi et m’embrasse. Le baiser un brin trop baveux, et ce n’est pas une alchimie instantanée, pourtant ce n’est pas désagréable, et je me laisse aller à ce baiser passionné.

La machine Valentino est lancée, la discussion continue ponctuée de bisous dans le cou, de doigts qui se faufilent sur mon dos nu et d’intenses baisers.

Le dilemme viennois

Je suis tiraillée. La soirée touche à sa fin, il est minuit passé. J’aurais envie d’aller danser, mais les nuits viennoises sont calmes et nos deux compères n’ont pas l’air d’être des oiseaux de nuit.

Valentino ne se décolle pas de moi, et il nous propose de terminer la soirée dans son appart. Malheureusement pour lui, il habite à quelques stations de train, et nous logeons en plein centre ville.

Je sais qu’aller chez lui signifie finir la nuit avec lui. Ma volonté a des limites et mon corps excité en est la première. Sauf que Vienne pour moi, ce n’est pas ça.

Oui, Vienne c’est surtout un moment d’amitié avec Ju. Je n’ai pas envie de dormir ailleurs que dans notre Airbnb, je n’ai pas envie de lui fausser compagnie.

Ou alors, n’est-ce pas que je n’ai pas complètement envie de Valentino ?

Nous sortons du bar, nous parcourons les rues. Je tente une valse avec Valentino. Il est rigide, et moi je fais n’importe quoi. C’est comme si pour lui, c’était une discipline séculaire, qu’il fallait en respecter chaque pas. Alors que moi, la seule chose que je veux, c’est tourner encore et encore…

Je pense que c’est à cet instant que ma décision est prise. Nos corps ne se coordonnent pas, mon énergie ne répond plus à la sienne. Au fond, je sens que le sexe risque d’être décevant.

Trop en attente ?

Nous raccompagnons les deux compères, Will à sa voiture, puis Valentino au métro.

Il me redemande, insiste pour savoir si je suis sûre de ne pas vouloir venir. Et il finit par m’embrasser comme un dingue avant de descendre les escaliers.

Avant de me quitter, il me demande de lui écrire toute la nuit. Euh, chaton, ne m’en veux pas, mais je dors la nuit, moi…

Je sais que je ne veux pas le revoir, pourtant je lui promets de lui écrire le lendemain pour que l’on se retrouve. Pourquoi lui promettre, alors qu’au fond, je sais que je ne le reverrai jamais.

Par peur de le blesser ? Par peur de passer à côté de quelque chose de fort ?

Le lendemain, mon envie se confirme, j’ai la flemme. Oui, il m’a fait du bien, j’ai eu le sentiment d’être une personne exceptionnelle à ses cotés. Mais aujourd’hui, je ne veux que profiter de Ju, de nos périgrinations à travers la ville. Bref, je n’ai pas la place pour Valentino dans mon voyage.

Adieu Valentino

Le début de la journée, je fais un peu la morte, je ne lui réponds pas. Mais il mérite mieux que ma lâcheté, et je décide de lui donner toute l’honnêteté dont je suis capable.

« I had a nice time with you yesterday, but I don’t feel like seing you tonight. It is our last night here and I’m not on a loving / sensual mood. Happy to have met you anyway. Hope you find a nice girl soon in Vienna. Have a nice end of weekend. »

J’ai la boule au ventre en lui envoyant. Pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal après tout. Mais avec son excès de tendresse, d’envie, j’ai peur qu’il réagisse mal.

Il répond rapidement à mon message :

« No worry, I’m glad for that time with you and thank you for last night for the drink and for everything because you make me feel nice and happy. ».

Cette rencontre viennoise n’aurait pas pu mieux terminer. Et sous ses gentils mots, je ressors le mojo reboosté à bloc, prête à oublier tous les petits déboires amoureux de ce début d’année.