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Les mystères de Riverside Gardens

Chapitre 10 : Querelles d’amoureux.

Bill est mort, et pourtant ce qui traversent Riverside Gardens est bien plus dramatiques, quand les querelles amoureuses changent la donne.

Querelles, Photo by Holly Bartley on Unsplash

Bruce

C’est ça que tu cherches ?” répéta Rita derrière lui.

 Comment se sortir de ce pétrin, son cerveau fonctionnait à plein régime, trouver une excuse valable, vite. Bruce se retourna doucement, il n’eut pas le temps de lever les yeux vers Rita, la culotte en dentelle atterrit sur son front. L’espace d’un instant, il la sentit, il sentit cette douce odeur musquée de la sirène. Ce parfum de sexe l’arracha un moment à la réalité. 

Mais la voix de Rita le sortit de sa torpeur. “C’est ça que tu cherches ?” répéta-t-elle pour la troisième fois. Bruce bafouilla, mais il était toujours à court d’idées.C’est que… enfin… c’était un cadeau… Pour elle. “Et tu offres souvent des cadeaux déjà portés ?”. La voix de Rita était d’une fermeté qu’il n’avait jamais entendue. Le son de sa voix était même plus aigu.  

C’est dingue comme dans des moments comme ça, quand on est au pied du mur, on commence à penser à des choses qui n’ont rien à voir avec l’instant. Oui, c’était fou comme son esprit avait envie de s’évader pour se sortir de cette situation. Par exemple, il pensait à cet instant que Rita n’avait jamais été aussi sexy, que son autorité toute nouvelle réveillait un désir charnel qu’il n’avait pas eu envers elle depuis des années. Elle lui faisait peur aussi, bien sûr. Il sentait la détermination de sa femme de connaître la vérité. 

Face à son silence, elle commença sa diatribe. Elle avait fermé les yeux toutes ses années, oui elle savait, bien sûr qu’elle savait. Pour Paula aujourd’hui, mais pour toutes les autres. Elle était restée, pour leur famille, pour leur amour, pour tout ce que ces femmes ne seraient jamais : elle Rita, l’amour de sa vie ! Mais elle pensait qu’avec l’âge, il deviendrait plus fidèle, qu’il se détournerait de ses propres désirs charnels, qu’il la verrait, elle. Non, elle ne pensait pas qu’il recommencerait. Oui, elle était déçue, déçue et triste. 

Bruce resta pétrifié face à la déclaration de Rita. Parfois, ses sourcils se fronçaient, parfois il souriait. Elle l’aimait, pour avoir su et n’avoir rien dit toutes ses années, c’était ce qu’il voulait retenir de tout ça. Oui, elle l’aimait assez pour lui pardonner. 

Rita le regardait l’œil sévère. Elle attendait une réponse, une réaction. Bruce s’approcha doucement, il lui prit les mains. Elle le repoussa presque instantanément. Non, mais qu’est-ce qu’il n’avait pas compris dans ce qu’elle venait de lui dire ? C’était quoi son problème à la fin ? Il tenta un baiser désespérément, mais la gifle qui lui heurta le visage l’arrêta net. Bon, il avait essayé, mauvaise idée à priori. 

Il tenta un “Je t’aime” timide, qui lui valut une gifle sur l’autre joue cette fois. Rita aurait dû se mettre au tennis, son coup droit était aussi efficace que son revers. Il balbutia des excuses. Sa voix tremblait, sois fort Bruce, tu peux l’amadouer, un brin de mauvaise foi, une touche de tendresse et un peu d’humour, en général, ça marchait. Il la regarda dans les yeux. Oui il concédait, il avait été faible, mais cette femme, cette femme l’avait ensorcelé. En plus, elle, sa bien-aimée, la femme de sa vie, son âme soeur, l’avait délaissé. Oui parfaitement, il s’était senti abandonné, laissé pour compte, alors qu’elle paradait pour la présidence. Mais ce n’était que charnel avec Paula, jamais il ne la quitterait, elle la prunelle de ses yeux. 

Elle le coupa.Ses yeux ne décolèraient pas. A priori, les mots de Bruce ne suffisaient pas à la calmer.Il allait devoir passer par la phase cadeau ou même geste romantique de grande envergure.

Bruce n’imprimait pas tous les mots qui sortaient de la bouche de Rita. Seulement après quelques secondes, il comprit. C’était trop, elle ne pouvait plus accepter. C’était fini, Bruce, fini. Il bafouilla, c’était trop bête pour une simple petite aventure de rien du tout. Cette femme n’était rien. 

Et les autres mensonges ? Les nains de jardins, tes secrets ? Cette chambre qu’ils ne partageaient même plus. Le sang de Bruce ne fit qu’un tour.Savait-elle au moins pourquoi il avait été voir ailleurs ? Pourquoi il y a de ça quelques mois, il ne pouvait même plus la regarder sans avoir un haut le cœur ? 

Le visage de Rita se décomposa, des larmes commencèrent à ruisseler doucement sur ses joues. “Non, pourquoi ?” bredouilla-t-elle, mais au fond d’elle-même, elle en connaissait déjà la réponse : le van. 

Bruce était dégoupillé, telle une grenade, il était prêt à tout détruire. La dispute qui suivit fut sans pitié, toutes les erreurs de leur cinquante ans de mariage y passèrent, tout ce qui les agaçait, tout ce qu’ils détestaient chez l’autre, tout. La hâche de guerre était plus que déterrée, et Bruce se prenait plus de coups qu’il ne pensait, sa femme en colère valait plusieurs milliers de guerriers sioux. 

Il ne sait pas bien comment ils en étaient arrivés là, mais elle venait de lui claquer la porte au nez, elle à l’intérieur et lui à l’extérieur. Penaud, il se retrouvait sur le péron avec son manteau et quelques affaires éparpillées sur le sol, qu’elle avait daigné lui lancer. Il faisait presque nuit.

Si seulement il avait déjà acheté son van, si son van aménagé avait été là, il aurait pu dormir dedans. Oui, il aurait pu tenir des jours, jusqu’à ce qu’elle le supplie de revenir. Elle ne pouvait pas se passer de lui, elle l’aimait trop. Qui réparerait le chauffe-eau ? Ou qui lui confectionnerait un nouveau meuble ? Qui, même, goûterait ses merveilleuses pâtisseries ? Non, c’était sûr, elle avait besoin de lui. Elle reviendrait.  

Bruce réfléchit un instant, mais avait-il seulement envie qu’elle revienne ? Ces derniers mois, tout les séparait. Il rêvait d’aventures, de jeunesse et de voyage, et elle s’achetait des affreuses figurines de jardin pour se faire bien voir de ses électeurs. Peut-être que c’était la fin, peut-être qu’elle avait raison. 

Il commença à ramasser ses affaires sur le sol, et découvrit au milieu de ses caleçons, le tanga en dentelle de Paula. Il l’attrapa et le porta à ses narines. Hum, il avait conservé son odeur. Son entrejambe se réveilla presque instantanément. Bien sûr, elle était là la solution, c’était Paula la femme du reste de sa vie. 

Il fourra toutes ses affaires dans la boîte à outils qui traînait sur le péron, et se dirigea vers la maison de sa belle. 

Franck

Franck sortit du bureau de Sue, l’air perdu. Bill avait été transporté à l’hôpital hier, le diagnostic était sans appel, il avait succombé à sa blessure à la tête. Bill ne reviendrait plus. 

Pour la première fois, Sue l’avait traité avec douceur. Elle comprenait que le choc était sûrement dur pour lui, qui voyait sans doute Bill comme un mentor, un ami peut-être même, mais malheureusement, Bill ne reviendrait plus. Il fallait que lui, Franck soit fort et continue de faire son travail du mieux qu’il le puisse.  Elle lui avait même fait une petite tape dans le dos avant qu’il ne sorte du bureau. 

Il avait sa promotion. Sans Bill, Franck devenait le jardinier en chef. Sue avait précisé qu’il serait à l’essai quelque temps, et qu’ensuite seulement son salaire serait augmenté. De nouveaux jardiniers seraient embauchés bientôt pour l’aider. Mais Franck était perdu. Ça voulait dire qu’il allait devoir décider ? Lui ? 

Une onde de panique lui traversa les veines, il ne pouvait pas décider. Jardinier en chef, mais il n’avait pas l’âme d’un chef. Non, non, elle pourrait l’appeler comme ça, mais il ne serait jamais le chef du jardinage. C’était elle la chef. 

Déjà les chefs étaient méchants. Et lui, bah, oui, il avait fait quelques erreurs dans sa jeunesse, mais jamais avec de mauvaises attentions. Et puis, il avait déjà du mal à s’organiser tout seul, alors organiser le jardinage ici. Rien qu’à cette idée, une vague de tics secoua tout son corps. Il fallait qu’il s’assoie, et qu’il reprenne son souffle. 

Rien dans ses poches, il avait oublié son inhalateur. Une vague d’angoisse monta dans sa poitrine, il n’allait pas arriver jusqu’à l’atelier des jardiniers, il sentait qu’il allait manquer d’air avant. Nicky, où était Nicky quand on avait vraiment besoin d’elle. Il avait besoin de ses bras autour de lui pour le calmer. Franck s’accroupit et commença à se balancer d’avant en arrière. Respirer, juste respirer. Il n’était même pas encore chef et il souffrait déjà du stress de la position. 

Une main se posa sur son épaule. Il sursauta et tenta une prise de judo, mais le bras de l’homme se dégagea, et Franck fit une galipette dans l’herbe avant de se relever. Bizarrement, il arrivait de nouveau à respirer. Ses yeux se reportèrent sur le vieil homme qui lui faisait face. Les pupilles bleues turquoises de l’homme le fixaient avec bienveillance. Il avait déjà croisé le papy dans le camping, mais il ne pouvait dire quand. Peut être, non… Ou alors… Oh mais oui, c’était le papy coquin, celui qui se faisait traîner par la mamie sexy du village. Il se rappelait maintenant. Il réprima un rire. Sacré Papy !

“Andrews !” dit le vieil homme en tendant la main. Franck essuya sa main moite sur son pantalon, et serra la main de son nouvel ami. Oui, il sentait que le grand-père était déjà son ami.”Franck Stick !” dit notre jardinier fier. Andrews lui sourit avec bienveillance, il l’avait vu, et il ne semblait pas dans son assiette. Peut-être avait-il besoin d’un petit remontant ? Franck bafouilla, il avait oublié son inhalateur, et sa pilule pour la concentration n’était pas avant deux bonnes heures. 

Andrews secoua la tête, il avait peut être quelque chose qui pourrait aider le jardinier à traverser cette journée difficile. Il avait entendu pour Bill, mais quel malheur. En plus, il restait encore plus de six heures de travail au pauvre Franck. Non, vraiment dans cet état ça allait être compliqué. Franck hocha la tête, quel brave homme, il comprenait son problème et avait à cœur de l’aider. Oui vraiment, cet homme était tout simplement adorable. 

Le grand résident fouilla dans ses poches et attrapa quelque chose.Pourtant, il ne le sortit pas tout de suite. Il planta son regard dans celui de Franck. “Rien n’est gratuit dans la vie, tu sais, petit ?”. Le jardinier frissonna, il avait déjà entendu ça auparavant, en prison, et ça ne lui disait rien qui vaille. Il eut  une nouvelle crise d’asthme, il toussa, suffoqua et s’accroupit de nouveau. Oh non, il allait mourir, ici, au milieu de cette pelouse, qui avait besoin de fertilisant. 

Penser à fertiliser la pelouse le détendit, il s’imagina, conduisant la tondeuse et déversant ces petites billes odorantes de fertilisant. Oh oui, ce serait si détendant. Son souffle reprit un rythme normal ou presque, mais il resta accroupi, il voulait éviter de faire face au géant qui lui faisait face. Pas qu’il soit vraiment géant, mais bon, Franck n’était pas très grand. Non, il n’était pas petit, un peu en dessous de la moyenne mais pas petit. 

Andrews regardait avec surprise le petit homme à ses pieds. On lui avait rapporté que c’était un drôle de personnage, mais à ce point ? Le voilà qui parlait tout seul en se balançant d’avant en arrière. Andrews n’osait plus mettre une main sur l’épaule du jardinier. OK, il fallait procéder autrement. 

Andrews se racla la gorge, et lui dit d’une voix posée, qu’il ne fallait pas qu’il s’inquiète, il ne lui voulait que du bien. Simplement, comme des amis, il aurait aimé qu’ils se rendent service, c’était tout. Juste de petits services entre amis. 

Franck releva la tête et Andrews lui tendit deux pilules bleues.Sans réfléchir, le jardinier les attrapa et les avala. Il n’avait pas assez de salive, les pilules restaient sur sa langue. Oh non, elles se délitaient. Beurk Beurk c’était infâme. Ne pas recracher, mais c’était horrible, il avala cette pâte à demi humide péniblement. Andrews le regardait avec douceur, voilà qui allait aller mieux. Bizarrement, Franck sentit presque tout de suite son corps se détendre. Peut-être que Andrews était un magicien après tout. 

“Si tu en veux d’autres, il faudra simplement que tu fasses quelques livraisons pour moi ?”. Franck regarda le vieil homme, son instinct lui dit qu’il pouvait avoir confiance. Il hocha la tête, se releva et suivit avec docilité Andrews jusqu’à son abri jardin.

Susan

Susan avait passé la nuit au chevet de Rick, la fin était proche. Elle venait ici faire le plein de nourriture, et ferait une petite sieste, avant de repartir pour l’hôpital. Son corps tremblait comme une feuille, elle croisa son reflet dans le miroir et crut y voir un fantôme. Elle était d’une pâleur maladive. Oui, elle avait toujours été frêle, Rick l’appelait d’ailleurs sa brindille, mais aujourd’hui elle était maigre, ça faisait des jours qu’elle n’avait pas dégusté un vrai repas, des semaines qu’elle n’avait pas dormi plus de quatre heures d’affilée. Épuisée, elle se sentait épuisée. Si le cancer ne tuait pas Rick,c’est elle qu’il tuerait. 

Qu’est-ce qu’elle aimerait partir en même temps que lui, qu’est-ce qu’elle aimerait s’allonger sur ce lit d’hôpital, et partir main dans la main avec son bien aimé. Pourtant, ce fil invisible de vie la maintenait, ses enfants, ses petits enfants, elle ne s’imaginait pas les abandonner. Pas maintenant, elle avait encore tant de choses à vivre avec eux. 

Oh et puis, elle s’imaginait bien Rick au Paradis, boudant sur son nuage, et lui répétant “Tu avais la chance d’en profiter encore et tu as choisi de mourir !! Si ça avait été moi… “. Et il aurait raison. 


Mais à l’idée que la vie pouvait continuer sans lui, tout son corps s’affaissait, elle n’était pas sûre d’en avoir la force. En tout cas, à cet instant, même le fait d’attraper un plat dans le réfrigérateur lui paraissait insurmontable. Tant pis. 

Elle se dirigea vers la chambre, dormir d’abord, elle mangerait ensuite. C’était simple, et pourtant ça paraissait si difficile. Un sanglot naquit immédiatement quand elle s’allongea sur le lit. Mauvaise idée. L’odeur de Rick s’était presque envolée. Huit semaines sans sa présence, les capsules d’odeur n’avaient pas survécu. Une larme coula sur sa joue. 

Ce ne sera pas le lit, alors. Elle se dirigea vers le fauteuil en face de la fenêtre, attrapant au passage le couvre-lit, elle s’enroula dedans et s’assit. La rue était vide, elle percevait du mouvement à la piscine, les ombres se mouvaient mollement sur le plafond en taule. Elle resta un instant à observer la danse lente de ses silhouettes, et finit par s’endormir.

Elle fut réveillée par le tintement de son téléphone, elle se redressa immédiatement. Pourvu que ce ne soit pas Rick, elle déglutit péniblement, chaussa ses lunettes et regarda avec surprise les quatres lettres qui s’affichaient sur l’écran. Rita. Elle eut un soupir de soulagement. Pourtant, elle ne décrocha pas. C’est comme si un mur invisible séparait les deux amies désormais. Elles s’étaient déçues, l’une et l’autre, et à force de silences, de rendez-vous manqués, de soutien absent, le lien qui les unissait, devenait de plus en plus ténu. Il n’était pas rompu, pour le moment, mais elle ne savait pas combien de temps il tiendrait encore. 

Le portable devint noir de nouveau. Elle eut une pointe de culpabilité. Bien sûr, elle avait envie de parler, mais elle ne voulait pas de la pitié que tous lui servaient sur un plateau. Et si Rita était bienveillante, sa compassion l’étouffait, la rendait acide. Non ce dont elle avait besoin… 

A ce moment-là, elle tourna la tête vers la fenêtre et aperçut Paula, la nymphe de Riverside. Et si, oui, pourquoi pas ? 

De manière totalement irréfléchie et spontanée, elle ouvrit la fenêtre et héla la belle. 

La sirène enveloppée dans son déshabillé en satin, frissonnait sous le vent. Quand Susan lui proposa un thé, elle eut un bref mouvement de recul. Susan sentit l’hésitation dans son regard, visiblement la belle était plus habituée à approcher les hommes que les femmes. Finalement, d’un bref hochement de tête, elle fit part de son consentement, et se dirigea vers la porte d’entrée. 

Paula se tenait là dans l’embrasure de la porte, son regard était droit et sauvage. Ni compassion, ni pitié. Susan la conduisit à la cuisine, l’eau bouillait déjà dans la bouilloire. Sans un mot, elle lui tendit la boîte en métal remplie de sachets de thés aux milles couleurs. Paula en attrapa un au hasard. Thé blanc à la vanille et à la mûre. Tiens, Susan n’avait jamais goûté à celui-ci. C’était le moment de changer, elle en attrapa un également. 

Pendant, un moment les deux femmes restèrent silencieuses. Leurs regards se croisaient, elles échangeaient de longs regards, qui en disaient bien plus que les mots. Paula avait ce regard dur mais profond. Un regard qui disait, c’est horrible, mais tu vas réussir à le surmonter. Pas maintenant, plus tard. 

Finalement, c’est la voix ténue de Paula qui rompit le silence, “Il va bientôt partir ? C’est ça ?”. Susan baissa la tête et commença à sangloter. D’un geste parfaitement naturel, comme si elles avaient été amies depuis toujours, Paula se leva, contourna la table et prit Susan dans ses bras. Elle sentait le chlore, et ses cheveux chatouillaient la nuque de Susan. Pourtant cette étreinte fit un bien fou à Susan. Et après plusieurs minutes, les sanglots cessèrent, Paula se détacha et rejoignit tout aussi naturellement sa chaise. 

Paula prit alors la parole, Susan voulait-elle rire un peu ? Susan hocha la tête timidement. Bruce, le mari de Rita, refusait de quitter la maison de Paula. Elle lui mima le grand bonhomme ronflant toute la nuit. Susan eut un fou rire quand Paula imita la mine enjouée de Bruce quand il s’était présenté avec sa boîte à outils et son grand manteau à sa porte. On aurait cru le père Noël. Bon, elle l’avait hébergé cette nuit, mais il avait intérêt à repartir chez lui illico.C’est pas tout, mais elle avait d’autres amants à son planning. 

Susan pouffa, et le reste de la conversation fut léger. Si Rick alité restait toujours dans un coin de sa tête, elle apprécia de parler d’autre chose, et de rire.Oh oui, ça faisait si longtemps qu’elle n’avait pas ri.  

Rita

Rita n’avait pas eu la force de se lever ce matin. Elle n’avait pas de petit déjeuner à préparer, elle n’avait besoin de se doucher et de s’apprêter pour personne. Bruce était parti, enfin, elle l’avait mis dehors. Oust, au revoir son bricoleur. Il laissait derrière lui un vide abyssal. 

Toute la nuit, elle avait tenté de déceler le ronflement du vieil homme, elle y était tant habituée, ça la berçait. Mais rien, pas un son, la chambre d’amis était vide. Tard dans la nuit, elle avait cru percevoir un bruit, elle était sortie du lit, avait ouvert la porte de la maison, et l’avait cherché sur le péron. Elle avait ce petit espoir que son homme se batte, qu’il se soit endormi sur un des fauteuils devant la maison et qu’il attende qu’elle le laisse entrer.Ses espoirs furent vite déçus, elle fit le tour de la maison, aucune trace de Bruce. Il était parti. 

Son cœur se serra et elle serra plus fort la couverture autour d’elle. Une question l’avait empêchée de trouver le sommeil, où Bruce avait-il passé la nuit ? Elle tentait de se rassurer, Andrews accueillerait Bruce. Oui, les deux hommes étaient amis, il avait sûrement dormi sur le canapé de Andrews et reviendrait la queue entre les jambes ce soir. Malheureusement, elle avait le pressentiment qu’il était plutôt allé rendre son tanga rouge à sa propriétaire. 

Il fallait qu’elle en ait le cœur net ! Ce matin, elle n’avait même pas faim, rien, même pas une petite fringale. Elle avait commis une erreur, elle le sentait. Oh non, elle ne voulait pas le perdre son Bruce, elle voulait simplement qu’il arrête, qu’il comprenne, qu’il revienne dans le lit conjugal. Oui, elle était prête à partir au bout du monde pour lui, en van, en bateau ou en avion, peu importait s’ils restaient ensembles. 

Rien que le fait de lui préparer son petit déjeuner lui manquait. Elle aimait leur couple traditionnel, elle aux fourneaux et lui au bricolage.Ils se complétaient, un vieux couple, mais un beau couple. 

Pour se donner du courage, elle tenta de joindre Susan, mais son appel resta sans réponse. Tant pis, elle irait la voir directement. 

Aller, il fallait qu’elle sache. Elle sortit péniblement du lit, son dos la faisait souffrir, et les quelques pas jusqu’à la salle de bain lui parurent un semi-marathon. Après une longue douche, elle enfila sa robe à fleur bleue. Elle s’escrima avec la fermeture éclair, il semblerait qu’elle ait encore pris quelques kilos. C’était la robe préférée de Bruce, si elle devait lui donner envie de revenir, c’était la tenue idéale. 

Après s’être coiffée, et maquillée légèrement, elle contempla son reflet dans le miroir satisfaite. Pas mal. Si elle était Bruce, elle reviendrait ! Elle renfila ses sandales, et sortit. Une fois dehors, elle huma l’air frais, elle allait lui donner envie de revenir ! 

Une fois dans la rue, elle hésita un instant.Devait-elle se diriger vers la maison d’Andrews,ou plutôt vers celle de… Elle ne pouvait ne serait-ce que prononcer mentalement son nom. La vérité la terrifiait, elle décida de se rendre chez Susan, puis chez Andrews. Rien ne pressait. Peut-être même qu’elle trouverait Bruce devant leur porte en revenant. 

Sur le chemin, elle croisa plusieurs des résidents. Elle les salua avec un sourire factice sur le visage. Certains l’arrêtaient pour lui parler du vol de leur nain de jardin, d’autres se plaignaient des horaires de bridge, ou encore d’autres se contentaient d’un bonjour discret. Pour le moment, la nouvelle de sa séparation avec Bruce n’avait pas l’air d’avoir été ébruitée. Parfait, elle le récupérerait ce soir et tout rentrerait dans l’ordre rapidement.  

Devant la maison de Susan, elle s’apprêtait à monter les quelques marches qui la séparaient de la porte d’entrée quand elle entendit des éclats de voix, des rires. Surprise, elle s’éloigna un peu et fit le tour de la maison pour espionner à la fenêtre de la cuisine.

Susan n’était pas seule vraisemblablement. De l’angle où elle était, elle ne pouvait pas voir qui l’avait remplacée. Elle aurait dû être à cette table, elle aurait dû être celle qui remontait le moral de Susan et la faisait rire. Qui se donnait le droit de jouer les amies ? 

Elle se pencha, impossible de voir. Péniblement, elle grimpa sur le muret, elle distinguait maintenant des mains manucurées et délicates.Hum qui pouvait ? Il fallait qu’elle découvre qui était cette femme. Elle se pencha un peu plus, et perdit l’équilibre, son dos chuta lourdement sur le muret. Impossible, non, ce n’était pas possible, ce visage, ces cheveux… La nouvelle amie de Susan, n’était autre que la nouvelle amante de Bruce… Paula. 

Ça ne lui suffisait pas de lui voler son mari, elle comptait aussi lui voler son amie. La guerre était déclarée. Rita, étendue de tout son long sur le muret et sur le buisson qui l’avait déséquilibrée, préparait déjà sa vengeance. Ses pensées la figuraient étranglant la nymphe de ses dix doigts, quand un visage au-dessus d’elle apparut. 

L’expression de dédain qui barrait le visage de Sue servit d’électrochoc à Rita qui se redressa presque immédiatement. Elle tenta de remettre ses cheveux en place. D’un coup, elle avait honte. Son ennemie de toujours la voyait dans un des pires moments de son existence. Elle remit son sourire factice sur son visage. Il fallait qu’elle trouve une excuse, un moyen d’expliquer pourquoi elle se trouvait allongée sur le muret à l’arrière de la maison de Susan. 

Sue continuait de la dévisager, alors que Rita se remettait doucement sur ses jambes. Le bruit de la porte d’entrée de Susan qui s’ouvre, firent tourner la tête des deux ennemies. Elles entendirent ensuite le tintement des mules en satin sur le goudron, et finirent par apercevoir à l’angle la silhouette de Paula, qui marchait d’un bon pas. 

Plus de doute, c’était bien Paula. La garce. Les lèvres de Sue laissèrent échapper un “Je déteste cette femme !”. Rita agrippa alors le bras de Sue en disant “Et moi, donc ! Peut-être que pour une fois nous pourrions nous associer ?”. Les yeux de la sorcière s’éclairèrent d’une nouvelle lueur. Les mots de Rita venaient de faire mouche. 

Paula

Paula quittait la maison de Susan avec un sourire paisible sur le visage. Ça faisait si longtemps, qu’elle n’avait pas ressenti une telle amitié pour quelqu’un. Elle avait oublié à quel point c’était agréable d’échanger, sans prétendre, d’être soi-même, d’oublier de jeter ses cheveux en arrière, de ne pas rouler ses grands yeux de biche, de juste profiter de l’instant.  

Susan et elle, étaient pourtant si différentes, elles se connaissaient à peine, elles n’avaient pas tant de choses en commun. Mais elle avait vue en elle une femme forte sous ses airs fragiles, une femme honnête, gentille et nature, un peu son contraire. Après tout, les contraires s’attirent. 

Même consoler Susan avait été naturel pour Paula, elle n’avait pas réfléchi, elle avait simplement suivi son instinct, elle l’avait prise dans les bras, longtemps. En temps normal, ce genre de situations la mettait mal à l’aise. Le contact physique, elle le réservait aux hommes, à sa couche. Pourtant, là encore, avec Susan, ça avait été différent. 

Oh oui, c’était une belle journée.Bon, elle n’avait pas tout à fait bien commencée. Bruce était resté pour la nuit, ses ronflements avaient empêché Paula de dormir. Elle avait bien vu les cernes qui barraient le dessous de ses yeux. Elle avait tenté de les dissimuler avec de l’anticerne, mais avec la piscine… 

Quand elle s’était levée, Bruce dormait encore. Il semblait paisible, elle n’avait pas eu le cœur à le réveiller. Pourvu qu’il n’en fasse pas une habitude tout de même, parce que dormir avec un homme, n’était définitivement pas une chose qui manquait à sa vie ! Elle espérait qu’il serait déjà parti quand elle reviendrait. 

Oh et puis, à la piscine, Andrews et elle avaient flirté. C’était dingue comme cet homme pouvait être drôle, elle aimait son humour. Oui son humour, et son corps si parfaitement conservé. Il pouvait se libérer ce soir, si elle était toujours en forme. Bien sûr qu’elle était en forme lui avait-elle susurré à l’oreille en collant son bassin à sa cuisse. Puis telle une sirène, elle s’était éloignée. 

Ça faisait plus d’une semaine qu’ils n’avaient pas partagé un moment tous les deux. Paula ne s’était pas laissée aller, et d’autres hommes, dont Bruce avaient en partie compensé l’absence de son amant préféré, mais il lui avait manqué. Elle n’aimait pas l’admettre, mais avec Andrews, ça dépassait la seule expérience charnelle. Si un soir, elle le voyait sans même passer à la casserole, elle n’en serait pas moins heureuse de la soirée. Bon peut-être un peu quand même, mais disons que si Andrews venait à rester pour la nuit, elle aimerait prendre le petit déjeuner avec lui. 

Oui elle avait vraiment hâte d’être à ce soir. Il allait falloir qu’elle trouve une façon de passer le temps jusqu’à ce soir, pour ne pas tourner en rond dans la maison. Elle avait plusieurs livres à terminer, elle allait prendre un bon bain moussant  avec un masque. Oui ce serait une journée pour elle, une petite sieste et elle se ferait plus belle que jamais pour ce soir. 

Elle approchait de sa maison. Étrange, les rideaux étaient tirés. Elle laissait toujours les rideaux ouverts, elle aimait les lieux lumineux, où la lumière se reflétait dans tous les miroirs qu’elle avait disposés. Pourquoi Bruce avait-il tiré les rideaux ? Il était simplement censé se réveiller, se rhabiller et quitter la maison de Paula. 

Une angoisse grandit dans la poitrine de Paula. Et si… Non c’était impossible. Si Bruce s’était mis en tête de s’installer chez Paula. Ouhlala, elle n’avait pas prévu ça du tout. Il fallait qu’elle le renvoie chez Rita le plus vite possible.Paula contempla l’heure sur son téléphone, il lui restait huit heures pour que Bruce quitte les lieux. 

Elle monta les quelques marches du péron, sortit ses clés de la poche de sa robe de satin, et tourna la poignée. Le salon était plongé dans la pénombre, l’écran de télévision éclairait le canapé de manière aveuglante. Une vieille rediffusion d’une série des années 80 s’y jouait. Elle tourna son regard légèrement vers la gauche. Bruce était affalé dans le canapé en caleçon. Il venait juste de se rendre compte de sa présence. Il lui sourit. 

“Je ne commence jamais la journée sans un bon petit déjeuner !”, dit-il d’une voix suave. Elle le contempla l’air interdit. Il n’était pas parti, c’était un cauchemar. “Ah, par contre, je digère mal les oeufs, donc si tu as du pain, du beurre de cacahuète et même de la confiture… “. Paula le fixait complètement décontenancée. Avait-elle bien compris ? Insinuait-il qu’elle devait préparer le petit déjeuner ? Non, elle avait dû mal comprendre. Elle lui sourit et montra du doigt le placard de la cuisine. “Sers toi”, finit-elle par dire entre ses dents. 

Elle se dépêcha de quitter la pièce, elle allait prendre une douche, en espérant qu’il aurait disparu quand elle en sortirait. En arrivant dans la chambre, elle fut à deux doigts de tomber dans les vapes. Sur le sol, une énorme valise et deux gros sacs s’étalaient. 

“J’attendais que tu sois là pour me faire un peu de place.”, susurra Bruce derrière elle, et il vint lui coller un baiser dans le cou. 

Sue 

Sue tournait en boucle les paroles de Rita dans son esprit. S’associer avec son ennemie de toujours, pour faire tomber l’insupportable Paula. C’était une idée de génie !

Et puis, à bien y réfléchir, avoir Rita dans son camp doublait ses chances de réussite. Oui, elle détestait Rita, elle détestait sa gentillesse, sa propension à se faire apprécier, elle haïssait sa douceur, sa chaleur.Sue était froide, calculatrice et autoritaire, et elle n’aimait pas particulièrement les gens, mais elle tenait à ce que ce village soit un endroit convenable. Oui Rita et elle se détestaient, mais elles se respectaient, elles avaient des valeurs communes comme la famille, le mariage, l’ordre, le respect des règles… 


Alors que cette Paula, cette Paula ne respectait rien. D’abord, elle semblait prendre Sue de haut, elle ne lui présentait pas le respect dû par sa fonction. Non, la nymphe paradait, se plaignait, exécrait ce village. Eh bien, si tu le détestes tant ce village, quitte le ! Cette femme n’avait aucune valeur, célibataire, sans enfant. Pire, elle jouait avec le mariage des autres, elle consommait les hommes comme de vulgaires biscuits de supermarché ! Bruce, Andrews, plombier, déménageur, Sue craignait pour son propre mari, Pete. Il fallait se débarrasser de ce fléau, avant qu’elle ne mette le village à feu et à sang. 

Elle prit son téléphone et envoya un bref SMS à Rita. “J’en suis, rendez-vous demain dans mon bureau à 8h.”. Oui, avec Rita, elles arriveraient à leurs fins, c’était sûr. Sue sourit satisfaite et s’enfonça dans sa chaise de bureau. 

Allison toqua à la porte. D’une voix sévère, Sue lui dit d’entrer. Oh mon Dieu, Allison était encore attifée d’un de ses pantalons informes et d’une chemise qui venait sans doute de l’armée du salut. Sue la regarda avec dédain, cette femme manquait cruellement de goût. Allison restait prostrée à la porte, mais qu’elle parle bon sang, Sue n’avait pas toute la journée. 

D’un signe de tête agacé, Sue incita Allison à parler. “Nous venons de recevoir l’invitation pour l’enterrement de Bill, ça aura lieu Jeudi, à 11h au… “ Sue la coupa, elles verraient ça plus tard, pas la peine d’ébruiter la nouvelle, les résidents avaient bien assez d’enterrements comme ça, elle ne voulait pas de cohue. Tiens, Allison pouvait y aller, elle représenterait  le camping. Parfait ça oui, elle pouvait emmener Franck avec elle, et avec la carte de crédit de la société, elle pouvait aussi acheter une gerbe de fleurs. L’affaire était réglée, elle pouvait disposer.

Sue chassa Allison d’un revers de main, mais la grande gigue restait plantée dans l’embrasure de la porte. Autre chose ? Allison baissa la tête et bafouilla, elles avaient reçu un mail du directeur ce matin. Elle eut à peine terminé sa phrase, qu’elle quittait la pièce. Sue fronça les sourcils, ça ne lui disait rien de bon. 

Elle se leva précipitamment, et claqua la porte. Assise de nouveau dans son fauteuil, elle pivota vers l’écran et cliqua deux fois sur sa boîte mail. Le logiciel mit un temps fou à s’ouvrir mettant les nerfs de Sue à rude épreuve. Ses yeux parcoururent plusieurs lignes de courriels avant de tomber sur celui qui l’intéressait. 

“Chère Sue, Chère Allison, 

Permettez-moi de vous adresser mes plus sincères condoléances.Le décès de Mr Drew Bill est fort regrettable et j’espère que vous mettrez en lumière les circonstances de ce drame. 

Néanmoins, le mail que je vous adresse concerne un tout autre objet. Après avoir parcouru avec Sue les feuilles de comptabilité, j’ai remarqué plusieurs incohérences. La plus notable est celle concernant le salaire de Franck Stick.Par ailleurs, les frais de fonctionnement des bureaux et les notes de frais ont triplé ces derniers temps, et j’aimerais que nous revoyons le budget ensemble. 

Je vous propose une réunion extraordinaire jeudi matin à 9h. Cela vous laisse le temps de mettre au clair les incohérences comptables et de rassembler tous les documents nécessaires. 

Sincères salutations. 

Peter Carty, CEO of Riverside Gardens Estate. “

Le sang de Sue se glaça. Elle manquait d’air, elle ouvrit la fenêtre. Le bougre n’avait pas abandonné. Il était coriace, il comptait découvrir la vérité. Un plan, il lui fallait un plan. Elle n’allait décidément pas tomber maintenant. 

Premièrement, elle éloignerait Allison de cette réunion, cette gourde n’était au courant de rien et gaffeuse comme elle était, c’était bien trop risqué. Ensuite, il fallait convaincre le directeur qu’elle avait confié à Bill la gestion des salaires des jardiniers. Bill avait tout simplement fait des erreurs de calcul. Bon là, il lui faudrait être très convaincante, il allait falloir revoir les fiches de paie de Franck, et y apposer le nom de Bill dessus. La partie s’annonçait terriblement coriace. 

Sue s’épongea le visage avec son foulard. La journée avait si bien commencé pourtant. Elle posa ses doigts sur le clavier et commença à rédiger sa réponse. 

“Bonjour Mr Carty, 

Merci pour votre soutien dans ce moment douloureux pour nous. Bill fut un jardinier talentueux et impliqué, dont la perte est un crève-cœur pour tout le village. 

Je me rendrais disponible pour la réunion de jeudi, malheureusement, Allison ne pourra se joindre à nous, sa présence aux funérailles de Bill est requise. 

Pour ce qui est du budget, je suis surprise, tout comme pour le salaire de Franck. Ces derniers mois, Bill se sentant fatigué, nous lui avons confié plus de tâches administratives, en vue d’une reconversion quand Franck serait formé. C’est donc Bill qui se chargeait d’éditer les feuilles de salaire de Franck, et des inventaires et achats de l’atelier de jardinage. Si les premiers mois, j’ai vérifié personnellement l’exactitude des fiches de salaire, après plusieurs mois, je lui faisais entièrement confiance. A priori, j’ai eu tort. 

Je vais mener mon enquête de mon côté. Nous nous verrons jeudi pour en discuter de vive voix. 

Sincères salutations. 

Sue Smith, General Manager of Riverside Gardens Estate. “

Elle regarda satisfaite son email. Il ne suffisait plus qu’à trafiquer quelques-unes des lignes de taxation envoyées, à créer de nouvelles preuves de la culpabilité de Bill et le tour serait joué. 

Sue sourit en se frottant les mains, aucun homme n’avait jamais contré ses plans, ça n’allait pas commencer aujourd’hui.

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