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Réflexions

32

J’ai 32 ans et je pleure. Rien de bien exceptionnel, j’avais 31 ans et j’ai pleuré.

Ce soir, je pleure de frustration. L’année dernière de peine de coeur.

Des larmes de déception, une soirée qui ne finit pas comme je le voudrais, une vie qui semble aller là où bon lui semble.

Je ne suis pas triste de vieillir, d’ailleurs qui se rend compte qu’il vieillit ? Des rides aux creux des yeux, un corps peut être moins « ferme » qu’avant, mais ce n’est pas en années qu’on le voit… Juste en périodes.

Je ne sais pas qui a inventé l’anniversaire, quelle idée de compter. Compter le temps qui a passé et de fait celui qu’il reste à vivre.

Ma nièce m’a donnée 50 ans, elle en a trois, pour elle, cinquante ou trente, elle n’y voit qu’une nuée de milliers de jours devant elle. Alors que pour moi… Je me suis dit 50 ans… Whoo elle abuse… puis j’ai réalisé que c’était quoi dans 18 ans… 18 ans .. c’est rapide. Trop rapide.

J’en serais où dans 18 ans ?

Dans ma tête j’ai Mylène âge, je ne saurais compter. Je ne suis ni mûre, ni juvenile. Je peux être fantasque, ou sceptique, je peux être volage comme fidèle, je peux être calme comme exaltée. J’ai soixante ans le lundi et douze le mardi.

Je ne suis pas mon âge. Mon âge n’existe pas .Et puis voilà, chaque année, une date, cette date ou je suis née.

Cette date dictée par un calendrier à 365 jours, 52 semaines, 12 mois arrive et me dit « Tiens, Mymy tu vieillis. Bientôt tu ne pourras plus faire ci, porter ça, avoir des enfants, il faudra murir etc. ».

Ces comptes d’ailleurs qui n’ont aucun sens, 365… 365… Pas 1000 ou 100, 365… Pourquoi pas 376 ou 245 !? 12 mois, 7 jours, rien ne fait sens, mais c’est comme ça. Parce qu’un romain puissant a décidé de tout calculer comme ça, aujourd’hui j’ai 32 ans.

J’ai trente deux ans, et au lieu de rentrer frustrée de ne pas avoir couchée avec mon super amant du moment, je devrais rentrer dans un appartement ou une maison que j’ai acheté, je devrais retrouver un homme qui m’aime, et qui partage ma vie. Oh et puis, si vraiment j’ai réussi, je retrouverais mes enfants aussi. Enfants que je nourris et chéris grâce à une carrière au top, sans embûche, qui ne cesse d’évoluer dans le bon sens.

Sauf que j’ai 32 ans, et je suis là à me demander si je comble ma frustration avec mon womanizer, ou si je la laisse périr dans mon sommeil. J’ai 32 ans et je vis dans un 20 M2, j’ai 32 ans et je recommence une nouvelle carrière. J’ai 32 ans et je suis plus célibataire qu’un prêtre. J’ai 32 ans et je tombe encore dans les affres de la dépendance affective. J’ai 32 ans, et finalement, j’ai beau ne rien cocher des cases dictées du bonheur d’une femme de 32 ans, je me sens heureuse.

Parce que les larmes de ce soir ne sont qu’une goutte d’eau dans les torrents de sourires que je vis. Parce que je n’aurais jamais 32 ans, que je ne me retournerais jamais sur ma vie en ayant des regrets. Parce que je ris, je pleure, je me fâche, je caline, je baise, je bois, bref je vis.

Pour tout ça, avoir 32 ans ça ne veut rien dire, à part lever son verre une énième fois de plus.