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Réflexions

Non

Quel horrible mot que le mot « Non ». Ces deux N agressifs qui se dressent comme ça. Et ce pauvre petit O qui aurait préfèré être à la tête d’un Oui et qui se retrouve emprisonné dans la haine… C’est triste.

Photo by Kai Pilger on Unsplash

C’est triste, mais le « Non » il faut savoir l’appréhender…

Alors que je pédalais tranquillement après une soirée arrosée, je me suis fait la réflexion que j’avais toujours eu peur de ces trois lettres.

Peur de l’entendre, peur de l’écrire, peur de le dire.

Cette peur a même presque conditionné ma vie.

D’où ça vient ? Aucune idée !

Comme tous les enfants, j’ai dû être confrontée au refus, j’ai dû affronter la déception face à une demande négligée, ou la frustration d’un non qui ne laisse aucun espoir.
Mais pas plus qu’une autre ou qu’un autre. Alors est-ce qu’on a tous peur du Non, ou il n’y a que moi que ça fait trembler ?

Peur de l’entendre

« Je peux ?… » « Non ». Bim là tu fais quoi ? Bah rien, tu n’as pas le droit, le refus est tel, si catégorique, que tu n’as plus qu’à rebrousser chemin. Et moi, ça me terrifie. Alors plutôt que de m’y confronter, je ne demande pas.
Tant pis, peut être que la réponse aurait été oui, mais l’incertitude et le regret sont moins abrasifs que la potentialité d’un non.

Et je ne parle pas de demander des bonbons avant le repas. Non (ah tiens…), je parle de demander une augmentation, de demander à quelqu’un s’il est prêt à construire quelque chose, de déposer une candidature pour un poste qui me tient vraiment à coeur ou encore de demander de l’aide.

Bon Miss t’as 32 ans maintenant, il serait temps que tu affrontes tes peurs !!
Non mais c’est vrai, tu as (presque) vaincu ta peur des guêpes, tu n’as plus aussi peur de l’échec (qui est directement liée à la peur du non…), tu as même bravé ta peur du téléphone… Alors trois lettres ? Vraiment ?

Le Non créateur d’histoires…

Ça a compliqué ma vie, je ne vous le cache pas. Parfois, ça me fait emprunter des chemins douteux. Trop peur de frapper à la porte, je passe par la fenêtre. Trop peur de demander à entrer, je campe dans le jardin. Et ça a rendu aussi mon chemin un peu plus beau aussi.

Parce qu’à force de toujours passer par quatre chemins, on profite du paysage, on se rend compte que le voyage vaut bien quelques détours.

Par exemple, ma passion pour le sexe… ça vient de là, j’en suis sûre ! Eh bien, oui ! Franchement, quelques regards, un peu d’alcool et c’est rare d’avoir un Non franc et massif quand on propose à un homme de coucher avec lui… Et ça, ça me plaît ! Et puis, l’alcool et les endorphines font souvent oublier les quelques refus qui ont précédés le grand Ouiiiii oh Ouiiii…

Alors vous imaginez, quand un homme se refuse à moi, je suis perdue. Le #metoo n’est jamais loin… Mélanger mon désir et ma peur crée une alchimie douteuse dans mon esprit. Entre la quête de chasse et le non-consentement, l’amour s’insinue parfois… Un vrai bazar !!

Bref il y a eu des bons cotés à redouter le NON, mais il est tout de même temps d’essayer de l’apprivoiser.

Peur de le dire

Si ça ne suffisait pas, au delà de l’entendre, j’ai souvent eu peur de le dire.

Oui, mais oui bien sûr, prends mon dessert. Bien sûr que je suis dispo pour t’aider à nettoyer tes toilettes un vendredi soir. Tu préfères le lit du haut, bien sûr que tu peux l’avoir. Oui, je vais derrière, non non ça ne me dérange pas du tout. Aller te chercher ça à l’autre bout de Paris, pas de souci.

Alors oui, je suis serviable, ça fait partie de mes valeurs familiale… The OUI family !!

Mais tout de même, il y a quand même eu bien des fois, où je rêvais de dire… Euh, non, désolée, je suis malade en voiture. Non, pas ce soir, je suis épuisée. Franchement, non, je ne veux pas aller en boîte, je rêve juste de rentrer.

Alors que mon cerveau criait un NON franc et massif, mes lèvres formaient déjà le doux O du mot OUI. Tant pis, nous revoilà partis pour un tour.

Des heures de perdues, des euros aussi, mais aussi parfois de bons moments, des amitiés, des amitiés hypocrites aussi.

Parce que dire oui à tout pour ne pas se faire rejeter, c’est comme arroser tous les jours ses plantes. Parfois elles poussent encore plus vite et embellissent, mais souvent elles finissent par pourrir et crever en laissant une drôle d’odeur derrière elles.

Défi du mois de mai

Parce qu’il n’y a que ça qui marche avec moi. Ce mois de mai, je me mets au défi de toujours dire Non quand je le pense.

Donc ne soyez pas surpris, si pour une fois, je m’écoute. Si pour une fois, je ne suis pas aussi serviable que je le devrais. Dans un mois, je redeviendrais sans doute comme avant, mais pour l’heure… Il va falloir apprivoiser MyNoMy !

Ce mois-ci, je n’irai pas par quatre chemins, si je veux quelque chose, je le demanderais. Et je serrerai les dents en attendant la sentence.

On verra si j’avais raison d’avoir aussi peur du NON.