Voilà je viens de me lancer dans un jeûne de 4 jours… 4 jours sans ingurgiter autre chose que de l’eau, des infusions, du thé et éventuellement du café.
En gros, je vais vivre d’eau fraîche… sans amour !
Pourquoi ? Parce que c’est censé avoir des vertus sur le système digestif et immunitaire. Aussi pour repenser l’alimentation, faire une pause. Et puis pour le challenge clairement… Oh aller, ça fera des économies aussi…
Vais-je y arriver ? Pas sûre…
J’ai essayé le mois dernier, quelques jours avant le semi-marathon (je sais, mauvaise idée…), et j’ai tenu 48h, 2 jours…
Mon dernier repas avait été un mix de potage et de gueule de bois de la veille, et mon premier repas post jeûne une pinte, des frites, une pina colada et 3 nems… Bref pour qui s’y connaît un peu en jeûne : une catastrophe, du n’importe quoi.
Prête à faire les choses bien
Cette fois-ci, j’essaie de faire les choses dans les règles, quelques jours avant, j’essaie de ne manger que des légumes, et d’éviter de boire de l’alcool .. Petit échec, les soirées de Mardi et Jeudi sont de claires sorties de route…
Bon après tout, le plus important, c’est l’après… Donc tant pis pour la préparation.
Mon dernier repas sera à 1h30 du matin vendredi et sera fait de galettes de boulgour et graines de courgettes. (Je sais, ça fait rêver !).
Très mauvaise idée d’ailleurs de commencer un jeûne à cette heure-ci… J’ai le choix entre le rompre avant les 4 jours (mais mon esprit de challenge refuse cette hypothèse) ou d’attendre encore 7h de plus et de boire un potage à 8h mardi matin…
Va pour le potage au petit dejeuner !
Jour 1
Je me réveille, la soirée de la veille n’a pas été trop arrosée, un peu quand même. J’ai la bouche un brin pâteuse, mais ça va. Mon corps va être heureux d’ingurgiter de l’eau.
Je sens que j’ai déjà faim, mais tant pis. Sauter le petit déjeuner, j’ai l’habitude, mon corps aussi. Pourtant, en passant devant les boulangeries, j’ai une énorme envie d’un bon croissant au beurre. Ce croissant, je pourrais craquer et me l’acheter tous les jours, mais pas aujourd’hui…
La matinée de travail est lente, et la fatigue de la veille m’empêche un peu d’être efficace. Quand tout le monde part manger, j’en profite pour écrire. Je sens tout de même que la journée va être longue..
15h la faim pointe le bout de son nez. Jusqu’à maintenant, c’était davantage contre mon mental que je me battais, mon corps finit par lui aussi montrer son mécontentement.
J’ai eu froid toute la journée, je ne sais pas si c’est la fatigue, le manque de nourriture ou simplement ce froid humide, mais c’est assez rare pour être remarquable.
Journée de travail terminée, la pluie froide me fait frissonner, mais je décide tout de même de rentrer à pied. Pas question de rentrer directement, la tentation serait trop forte.
Direction le cinéma.
Là aussi j’ai froid, le film est agréable, et pourtant, je me surprends à penser à la nourriture. Hummm qu’est-ce ce que je mangerais quand le jeûne sera terminé ? Mon cerveau fait la liste de tous les aliments plaisirs qui pourront me satisfaire.
Film terminé, pas mal. Il est temps de rentrer.
Une tisane, deux verres d’eau et je file au lit avec un film.
Je m’endors rapidement, comme toujours, merci petit corps à qui je fais subir 1001 défis.
Jour 2
Je me réveille vers 10h, je me sens plutôt bien. Je n’ai pas faim.
Direction le coiffeur à 11h. Je me suis dit, « aller si je n’ai pas le plaisir de manger, j’ai au moins celui de me faire belle ».
Erreur ! Le coiffeur est un bourreau ! Il parle mal le français, me demande à peine ce que je souhaite, puis se met à me démêler les cheveux.
Aie aie, mais ça tiiiiiire… j’ai l’impression d’avoir 5 ans, et de subir la même torture que sous les coups de brosse agressifs d’un parent pressé.
Presque deux heures de torture après, je sors avec une espèce de perruque blonde en brushing. J’espère que mes ondulations me permettront de retrouver une tête normale !
Il est déjà 13h, je file chez Emmaüs. Rien de convaincant. Lecture face à ma fenêtre, 3 courses (de la tisane, du thé, de la tisane… ah et de la soupe pour mardi matin). Je sens presque de la pitié dans les yeux de la caissière.
La faim pointe le bout de son nez de temps en temps. Encore plus quand je commence à regarder des recettes pour mes semaines à venir. Ne suis-je pas cruelle avec moi-même ?
En fin de compte, à part quand je monte les escaliers et que je sens que mon corps galère un peu, le plus dur c’est le mental.
J’ai l’impression d’être amoureuse de la bouffe. Je ne pense presque qu’à ça toute la journée. Je me languis du plaisir qu’elle procure. Je rêve de la prochaine bouchée. Et dire que mon premier repas sera une pauvre soupe…
Pour éviter de trop me torturer avec mes pensées, je file au ciné. Bon film, mes songes de baguette fraîche, de tomates coeur de boeuf et de mozzarella se feront tout de même une place dans les deux heures de film…
Retour à la Casa. Ne pas craquer…
Tisane, film, et c’est parti pour la nuit.
Je rêve cette nuit là que je triche. Je me vois croquer dans un drôle de gâteau au chocolat, coupable, et puis dans un autre rêve dans un gressin oublié dans un placard.
Jour 3
Le réveil, ce matin, est un peu moins agréable, j’ai mal au crâne et je me sens clairement plus faible.
Mon cœur bat plus vite que d’habitude quand je commence à bouger. La faim a disparu, je sens que mon corps cherche un nouvel équilibre.
Le troisième jour est censé être celui du changement. Ce soir, mon corps sera en quelque sorte remis à 0. On verra ce qu’il en est.
Le quatrième jour permettra de fortifier tout ça, de rétrécir d’un peu plus la taille de l’estomac.
Alors est-ce que je vois un changement ? Bof. Quelques côtes commencent à apparaître. Et quelques vertiges aussi.
Ah oui, et je sens que je pue du bec aussi. La mauvaise haleine fait partie de l’expérience à priori ! Super ! De toute façon, je n’ai pas prévu de rouler des pelles d’ici mardi !
La matinée est calme, elle passe. Les aliments dansent dans mon esprit.
Un peu avant 14h, je décide d’aller voter, ça m’occupera, 1h30 de queue au soleil, deux bureaux de vote différents, deux “A voter”. J’accepte de dépouiller le soir, ça m’occupera.
Enfin, je vois mon premier être humain du weekend. L’erreur était de penser que combiner isolement et jeûne était une bonne idée. Pas du tout… J’aurais mieux fait de me prévoir un programme de sortie hors verres et resto. Note pour le prochain jeûne (mais pas sûre qu’il y en ait un…).
Voir Gigi me fait un bien fou, j’oublie un instant que je jeûne et ça fait du bien. Nous partons faire les courses ensembles, je fais le plein de petites choses gourmandes pour mon retour à la vie. Parce que là clairement, je ne vis pas, je survis !
Je me sens bizarrement de plus en plus en forme. Un bref appel, et je pars dépouiller. Ça occupe ma soirée, ça me permet de discuter, de rire, et d’oublier.
23h10 de retour, un grand verre d’eau et je me prépare à dormir. Bizarrement, le sommeil ne vient plus aussi facilement. Mon cœur bat vite, je sens que mon corps est en pleine forme, la fatigue s’est envolée.
Il faudra un peu de patience à Morphée avant de m’accueillir.
Jour 4 : Lundi matin.
Plus qu’une journée. Je n’ai jamais eu aussi hâte. Je me réveille avec une soif dingue et mon mal de crâne est revenu. Pourtant, boire je ne fais que ça.
Je prends mon temps, je profite de la douche chaude. J’essaie de trouver du plaisir dans tout ce que je peux, à défaut de savourer un bon petit déjeuner.
Le trajet pour aller au travail à pied est plus lent que d’habitude. Je sens que chacun de mes pas est plus lourd, que chaque foulée est un petit effort pour mon corps en manque d’énergie.
Voir du monde au bureau me fait le plus grand bien. Ils m’encouragent pour ma dernière journée.
Je fuis la salle de déjeuner le midi.
Le matin, je me sens pleine d’énergie. Mais l’après-midi, l’épuisement pointe le bout de son nez. J’ai l’impression d’être saoule. Mes pensées vont à deux à l’heure, ma voix traîne et mes gestes sont désordonnés et incertains.
Je ne fais pas de vieux os au bureau, je rêve de me caler dans un fauteuil et de ne rien faire.
Pourtant je décide, comme un ultime challenge d’aller au sport.
Le chemin du retour n’a jamais paru aussi long. J’ai l’impression d’être hors de mon corps, de flotter au-dessus de l’asphalte. Mon sac me paraît peser une tonne sur mon épaule, j’ai chaud et je frissonne à la fois. Ma vision a l’air altérée aussi, j’ai l’impression que tout prend un filtre jaune sépia.
Je me dis vraiment qu’il est temps que je mange.
Avant, direction la salle de sport. Je monte sur le vélo elliptique, puissance limitée, je ne me challenge pas trop quand même. C’est parti pour une demi heure. Finalement mon corps connaît le mouvement, si les premiers coup de “pédales” sont un peu laborieux, je finis par trouver mon rythme.
Ça fait du bien de suer un peu. Fin de la demi-heure, je descends, je suis prise d’un fort vertige. Je suis obligée d’attraper l’appareil à côté de moi pour rester droite sur mes jambes. Tout va bien…
Quelques exercices pour mes bras, et j’abandonne, je suis terrassée de fatigue et puis la salle grouille de monde, il n’y a pas une place de libre pour des étirements.
Mes quatre étages finissent de m’achever. Les muscles de mes cuisses me brûlent, le souffle me manque.
Arrivée dans mon appart, je m’affale dans mon canapé. Moi qui avais prévu de me faire un masque, de me poupouiller pour cette dernière soirée de torture… En aurais-je seulement la foi ?
Oui. Gommage, masque, hydratation. Je me couche toute neuve un délicieux parfum de fleurs de vigne qui chatouille mes narines. Comme la veille, après un film, le sommeil peine à venir. Mon coeur bat trop vite, j’ai soif encore.
L’épuisement aura tout de même raison de mon corps récalcitrant.
Libération !!
Mardi matin, la délivrance est là devant moi. Je verse doucement la soupe Courgette Parmesan dans la casserole. L’odeur n’est pas dingue, mais à ce stade là, tout me paraît un met 5 étoiles.
Première cuillère, je me brûle la langue. Tant pis. Le liquide chaud descend, à son contact mon corps commence à faire de drôles de bruits. Oui petit corps adoré, enfin j’arrête de te martyriser.
Finalement, cette soupe est très bonne et après une tasse, je me sens déjà pleine.
Le repas du midi sera sensiblement le même, avec une tranche de cake au citron. J’ai presque l’impression d’avoir trop mangé. Si cette sensation pouvait durer, ce serait formidable.
Le soir, je craque, premier verre de vin blanc avec mes copains de l’impro. Je le bois à toutes petites gorgées. Finalement, c’est agréable de prendre son temps pour boire. Tiens si j’avais su ^^. Aller, quelques petites frites savourées doucement ne feront pas de mal non plus… On repart sur de bonnes habitudes…
Bon et puis la vie reprend, et tous mes efforts ont sans doute été vains, vue la cuitasse que je me prends le mercredi.
Alors est-ce que le jeûne changera ma vie. Non. Mon rapport à la nourriture, oui, sans doute. Est-ce que je le referais ? Peut être.
C’est surtout un bon kick off pour essayer de reprendre de bonnes habitudes… Enfin, d’essayer…