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Contes de Noël

Communiqué officiel du Père Noël

Après avoir fait quelques modifications à vos souhaits (nous n’avons plus de licornes en stock, ni de prince charmant depuis 1657) j’ai pressé les lutins de commencer la fabrication de ces nouveaux jouets (à mon âge, il vaut mieux déléguer).

Père Noël, Photo by Tim Mossholder on Unsplash

Mes chers petits enfants sages,

Veuillez accepter toutes mes excuses, mais cette année, je n’ai pas pu vous apporter tous les cadeaux que vous aviez commandé.

En effet, de nombreux événements ont empêché la distribution cette nuit de tous les présents tant attendus. 

Je pourrais vous promettre, tel un homme politique, que vous les recevrez prochainement (pas avant mars malheureusement, nous avons pris un retard considérable.), mais je n’en ferais rien, cette année il va falloir se contenter de jouer avec les cadeaux de l’an passé.

 J’ai conscience que je vous dois tout de même une explication, la voici donc.

Tout d’abord, les premières lettres sont arrivées, j’ai d’abord cru que vous étiez devenus illettrés. Il m’a bien fallu quelques jours pour comprendre que les jouets en bois n’avaient plus la côte et que seuls les appareils électroniques clignotants, communicants et bruyants vous intéressaient désormais ! 

Après avoir fait quelques modifications à vos souhaits (nous n’avons plus de licornes en stock, ni de prince charmant depuis 1657) j’ai pressé les lutins de commencer la fabrication de ces nouveaux jouets (à mon âge, il vaut mieux déléguer). Un vent de panique s’est alors élevé au sein des lutins de la fabrique. Impossible pour eux de tout fabriquer, nous étions loin du montage d’un poupon, d’une peluche ou d’un train en bois, les éléments étaient trop petits pour leurs gros doigts enflés. 

Heureusement Mère Noël   (que ferais-je sans elle !) me glissa une brillante idée, évidemment je la fis mienne : nous allions embaucher de nouveaux lutins venus du nouveau Monde, réputés petits mangeurs et grands travailleurs. 

Quelques jours plus tard, ils arrivèrent à 50 de la mer glacée. Petits et fins, ils se mirent au travail sans attendre, leur productivité me surprit moi même. J’en vins à douter de la capacité de mes petits lutins, ne faisaient-ils pas exprès de ralentir le rythme ? 

Quand je vis alors Elfo et Elfitor, boire un chocolat chaud au lieu de travailler, mon sang ne fit qu’un tour et je les licenciai sur le champ. 

Ce fut ma plus grosse erreur, je dois l’avouer. 

La fronde des lutins a alors commencé. Un climat de protestation a envahi les rangs. Inspirés des grèves des petits français, ils ont interrompus le travail. Vous me direz, les nouveaux lutins auraient pu prendre la relève. Mais le lutin du grand Nord est malin, et les grévistes confisquèrent tous les outils et bloquèrent toutes les machines. 

Même le lutin cuisinier se mit en grève. Au bout de deux jours, lassé de manger la soupe aux poireaux de Mère Noël, je finis par craquer. 

J’étais prêt à accéder à certaines de leur attentes. Bon d’accord, à toutes, Mère Noël est vraiment une piètre cuisinière. 

Le travail a donc repris, mais bien plus lentement, les nouveaux ont vite pris le pli, et les 6 pauses autorisées par jours n’ont pas aidées. 

Nous voici donc le 24 au midi, avec un sixième des cadeaux. Bon tant pis, je me dis, nous avons les cadeaux des enfants les plus sages. Les autres attendront quelques semaines de plus.

Je mets donc tout dans ma hotte, en sifflotant « Petit Papa Noël » (c’est fou ce que ça me mets de bonne humeur). 

Tout est chargé, il est temps de partir. Mais aucun rêne à l’horizon. Je les appelle… En vain. 

Il commence à se faire tard, je sens que ma colère commence à gronder. 

Je descends du traineau avec peine (je commence à me faire vieux). Furibond, je cherche ses maudits rênes partout. Je finis par les trouver, tous dans le hangar agglutinés autour du feu, à manger des carottes et boire du vin chaud. « C’est Noël !! Il faut partir maintenant !!! »,  M’exclamais-je. 

Rudolph, le chef de bande, un brin éméché finit par me répondre, que eux aussi se sont mis en grève. Ils réclament plus de congés payés, une pause toutes 2h de vol et une retraite à 55 Noëls ! Tornade en est à son 78eme et elle ne tient bientôt plus sur ces sabots !! 

Je n’ai pas le choix, si je n’accepte pas, aucun cadeau ne sera livré le 25. À contre coeur, je dois donc accéder à leur requête.

Une fois le peu de rênes de moins de 55 Noëls attelés (il va vraiment falloir que je recrute de nouveaux cervidés) je ne perds pas de temps et je décolle. 

Là arrive mon ultime mésaventure, j’avais oublié que les jeunes rênes ont l’abreuvoir facile, et ne tiennent pas le vin chaud. À peine quelques mètres au dessus de la forêt, le traineau a commencé à tanguer. C’est avec de multiples loopings et un grand fracas que nous nous sommes écrasés sur le toit de ma pauvre maisonnée. 

Engourdi par le choc, mais en un seul morceau, j’ai décidé de rentrer, tant pis pour ce Noël ! 

Et après une belle nuit de sommeil, j’ai fini par me dire que moi aussi je méritais une belle et douce retraite ! Ça fait déjà 88 Noëls !! 

Je vous joins donc une annonce pour me remplacer, n’hésitez pas à postuler. C’est un métier éreintant, mais très enrichissant. 

Je vous souhaite tout de même un joyeux Noël en famille.

Moi je file aux Bahamas avec Mère Noël, j’ai hâte de me balader en slip !  

Cordialement,

Le Père Noël

PS : voici l’annonce : 

« Recherche nouveau Père Noël, taille 46 (sinon le costume sera trop grand). De préférence avec barbe blanche et lunettes rondes. Grandes capacités managériales requises. Permis traîneau volant nécessaire. Langues à maîtriser à l’oral le lutin et le rêne,  compréhension écrite indispensable de toutes les langues de la planète terre. 

L’esprit d’équipe et la jovialité seront un plus. Déplacements à prévoir une fois par an. Envoyez CV et lettres de motivation à perenoellechangementcestmaintenant@caramail.com « 

Fin ! 

Et si vous avez reçus des cadeaux cette année, ils viennent d’usurpateurs qui savent bien que vous n’avaient pas été très sages 😉 

(Autre conte)

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