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Les mystères de Riverside Gardens

Chapitre 5 : L’enquête commence

Rita, Paula et Susan commence leur enquête pour découvrir qui a tué Andrews. Mais trouveront-elles la vérité ? Pas si vite…

Enquête, Photo by Gabriel Crismariu on Unsplash

2 semaines après l’enterrement…

Rita

Rita posa la dernière assiette de cookies sur la table. Elle en attrapa un et croqua dedans. L’extérieur était croustillant et l’intérieur si fondant. Encore une fois, elle les avait réussis à la perfection. Elle savoura chaque pépite qui fondait sur sa langue. Si Bruce la voyait, il la disputerait sans doute. Quoique depuis quelques temps, il semblait ne pas tellement surveiller son régime alimentaire. Il y a même quelques jours, elle avait englouti deux parts de gâteau à quelques mètres de lui et il n’y avait vu que du feu.

Peut être que la mort d’Andrews l’avait davantage chamboulé qu’elle ne le pensait. Il était secret ces derniers temps, et il passait beaucoup de temps dans son van.

« On s’y met ?! », Paula interrompit ses pensées. Rita tourna la tête vers elle. Aujourd’hui Paula avait opté pour une tenue tout en rouge. Elle portait une combinaison près du corps qui faisait ressortir ses formes. Le rouge, danger, passion, sang, c’était tout à fait la nymphe. Elle avait rassemblé ses cheveux en un chignon étudié. En la voyant, on pourrait penser qu’elle se rendait à un mariage, à un cocktail, mais non, c’était un jour ordinaire pour Paula.

Un doute envahit Rita. Et si le loup était dans la bergerie, et si Paula n’était pas tout à fait innocente dans la mort d’Andrews. Elle secoua la tête devant l’air effaré de la belle. « Oh, oh, il y a quelqu’un ? On commence par quoi ? ».

Susan prit à son tour la parole : « Il nous faut la liste de tous les suspects ! C’est comme ça qu’ils font dans les films. J’ai ramené toutes les gazettes de Riverside de cette année, il devrait y avoir une photo de tous les suspects. ».

Rita réfléchit, oui, c’était une bonne idée. Elle décrocha le tableau en liège de la cuisine, elle en dégrafa les photos et les listes de courses et le plaça en équilibre entre la table et le mur. « Voilà, nous avons de quoi agrafer. Bon la première suspecte, ce serait qui ? Sa femme ? Dans les films, ce sont toujours les femmes les suspectes. ».

Susan fit la moue, elle ne voyait pas Martha commettre un crime, mais passons. Elle prit la pile des journaux de Riverside et chercha. Au bout du troisième, elle tomba sur une photo de Martha, tout sourire, aux cotés de Sue. Elle découpa la photo et la coupa en deux.

Rita punaisa la photo de Martha, puis fit tourner celle de Sue entre ses doigts. « Sue est aussi une suspecte potentielle, non ? Je veux dire, Andrews savait sûrement quelque chose sur elle qu’elle aurait préféré cacher ? ». Susan hocha la tête vigoureusement. Elle savait que Rita et Sue se vouaient une haine à visage découvert, et elle suspectait Rita d’espérer que la vieille sorcière soit bel et bien coupable. Cependant, Sue avait tout à fait la trempe d’une tueuse, elle n’aurait pas été surprise.

Paula attrapa la photo des mains de Rita, et l’agrafa au tableau. « Sue , suspect numéro 1, oui ! ».

Après une conversation de plus d’une heure, elles en conclurent que presque tout Riverside Gardens était suspect. Andrews en savait trop sur la plupart des gens, et si elles ne savaient de quelle teneur étaient les secrets, plus d’un étaient heureux qu’Andrews ait emporté leur secret dans la tombe.

Rita reconduisit ses amies à la porte. Elle leur rappela une dernière fois le plan. Susan commencerait par questionner John, le bonhomme avait de nombreux contacts avec le club de bricolage et le club de boules dont Andrews faisait partie. Puis elle interrogerait ensuite Martha.

Paula devait interroger le nouveau voisin. Elle s’était jetée sur l’occasion, et Rita savait bien que son envie de questionner le beau sexagénaire tenait plus de son envie de le mettre dans son lit que de trouver un quelconque lien avec la mort d’Andrews. Mais après tout, les confidences sur l’oreiller pouvaient bien fonctionner. Sa deuxième mission consistait à recruter l’apprenti jardinier français Benjamin pour espionner les habitants.

Les deux amies, après avoir consenti une nouvelle fois à leur missions, s’éloignèrent dans les rues ensoleillées de Riverside Gardens.

Bon, maintenant, il fallait qu’elle aille trouver la petite jardinière Mélanie. On n’avait jamais assez d’indics quand on menait une enquête.

En voyant le Ute de Bruce passer devant la maison, elle eut un doute. N’aurait-elle pas dû punaiser la photo de Bruce sur le tableau ? Elle n’avait pas parlé à ses amies de l’absence de Bruce le soir du meurtre. Elle avait tu ses soupçons. C’est une enquête qu’elle mènerait seule.

Franck

Franck sentait que son énergie commençait à décroître. Il lui fallait une nouvelle pilule. Le coupe-haie devenait plus lourd entre ses mains. La sueur commença à perler sur son front. Il posa l’appareil et s’essuya du revers de sa manche. Il ne se sentait pas bien.

De l’eau, il lui fallait de l’eau, il avait la bouche sèche. Où était son eau ? Il l’avait posé là, ou alors ici. Il se tourna vers Mélanie, qui ramassait les feuilles consciencieusement. Elle s’appliquait à attraper chaque petite feuille. Il aimait bien le travail bien fait, il était content. Mais où était son eau ? Il la questionna, elle hocha les épaules, elle n’en avait aucune idée. Sans eau, il allait mourir…

Mourir, comme le chat sauvage. Oui, il était sûr que le chat sauvage était mort. Il avait disparu. Des années que ce maudit chat les narguait et voilà que depuis la mort d’Andrews le chat s’était évaporé dans la nature. Plus de chat sauvage, Franck se sentait vide. Il aurait voulu l’attraper, le regarder dans les yeux et lui crier sa victoire. Ou alors Andrews avait tué le chat sauvage, et blessé par la bête il était mort. Oh oui, peut être que le chat avait tué Andrews ? Bah non, il était mort naturellement.

Soif, il avait soif. Il retira sa casquette, se lissa les cheveux, ils étaient mouillés de sueur. Il cligna des yeux et bafouilla une phrase inaudible à Mélanie avant de se précipiter vers son Ute. Mélanie le regarda partir en secouant la tête, quel personnage ce Franck.

Franck manqua de renverser Benjamin qui revenait vers la zone de travail. Il ne s’excusa pas et parti en trombe. De l’eau, une pilule, et tout serait parfait.

Il fit un dérapage en garant le Ute devant le Workshop, il ouvrit la portière et se précipita à l’intérieur. Sa bouteille n’était pas là, mais il en avait une au congélateur. Il l’ouvrit et s’empara de la bouteille de boisson énergétique, il en but une moitié. Ouhla, c’était froid, glacé, ça lui glaçait les neurones. Mais c’était si bon, il était vivant, vivant.

Il se dirigea vers son casier, l’ouvrit et s’empara du sachet. Ses yeux s’arrondirent. Il ne lui restait que deux comprimés, deux… Demain, il faudrait faire sans pilule ? Impossible. Il avala les deux d’un coup, il fallait qu’il trouve une solution.

En faisant les cents pas, il but le reste de sa bouteille. Trouver une solution. Rafraîchir son esprit, il lui fallait rafraîchir son esprit. Il prit le tuyau d’air comprimé, et se mit à faire souffler sur son visage une bonne dose d’air frais. Ah c’était bon, il avait l’impression que le vent frais lui rafraîchissait les idées. Pssshhhiiiit Pshhhhiiit, il aimait ce bruit. Soudain, il eut une idée. Il savait qui pouvait l’aider.

Bruce, il allait aller voir Bruce.

Sue

Sue parcourait les rues de Riverside Gardens au volant du Buggy électrique. Elle affichait un air satisfait. C’était vraiment une belle journée. Le ciel était d’un bleu pur et le vent apportait une légère brise qui apportait juste ce qu’il faut de fraîcheur.

Elle fit le tour par Murray street et ralentit. Le travail de Franck était remarquable. Les buissons étaient tous parfaitement taillés et il ne restait pas une feuille sur le sol. Vraiment, s’il y a trois ans, on lui avait dit qu’elle serait aussi satisfaite de Franck, elle ne l’aurait pas cru.

Le plus surprenant, était sa vitesse de travail depuis quelques temps. Ce qui lui prenait d’habitude deux ou trois semaines, était maintenant fait en une semaine ou moins. L’aurait-il baladée tout ce temps sur ses capacités ? Non quelque chose avait changé, et c’était pour le mieux. Et puis, la nouvelle équipe de jardiniers semblait elle aussi être de bonne volonté. Bon elle se méfiait un peu du petit français, il semblait avoir tendance à un peu se laisser vivre. C’était un homme après tout, il ne fallait jamais se fier aux hommes. Même Pete avait fini par la trahir.

Elle chassa cette idée noire de son esprit, et se concentra sur le positif. Cette journée ne pouvait être plus belle. Oh, le chat sauvage aussi, envolé ! Tout lui souriait en ce moment. La mort d’Andrews avait été une aubaine, puis ce chat sauvage qui disparaissait presque en même temps, et les jardiniers qui se mettaient à être d’une efficacité exemplaire ! Même Pete était aux petits soins en ce moment, il avait tant à se faire pardonner qu’elle pouvait le mener par le bout du nez.

Sue continua son tour d’inspection, elle salua John qui ne quittait jamais son chapeau de cowboy. Elle croisa Paula, tout de rouge vêtue, qui faisait le pied de grue devant la maison de James Court, le nouveau voisin. Elle sentait que la sirène avait encore une idée derrière la tête. Lui fallait-il tous les hommes de la résidence ? Quel était son problème ? Profondément, elle sentit la haine se diffuser dans ses veines, cette femme était tout ce qu’elle haïssait en ce monde. Elle la ferait tomber.

Et voilà, cette pimbêche avait de nouveau réussi à entacher sa bonne humeur. Elle appuya sur l’accélérateur et partit vers le bureau. À peine garée, son téléphone retentit. Un SMS. Numéro inconnu.

« Tu croyais que ton secret serait enterré avec Andrews ? ». Un frisson parcourut le dos de Sue. Sa journée venait de prendre une toute autre tournure.

Susan

Susan hésita, une dernière fois, et tourna sur Collie Road, 32, c’était là qu’habitait John. Pourquoi John ? Pourquoi s’était-elle proposé pour interroger l’homme au chapeau ? Une seconde, elle repensa au regard intense qu’ils s’étaient échangés aux funérailles d’Andrews. Elle se souvenait du frisson qui l’avait envahi, de ce trouble qui était né dans son bassin. Tous ces souvenirs, elle essayait de les refouler. Honteuse et coupable, elle repensa à Rick, aux regards amoureux qu’ils s’échangeaient après plusieurs dizaines d’années de mariage. Elle ne revivrait pas de pareil amour. Jamais.

Arrivée devant le perron, elle eut un mouvement de recul. Se sentait-elle capable de jouer les enquêtrices ? Elle en avait toujours rêvé, mais serait-elle à la hauteur ? Devant Rita, elle n’avait même pas eu le courage de mentionner Bruce. Le mari de Rita était un des principaux suspects, mais il était absent pourtant du tableau en liège. Rita serait dévastée s’il s’avérait coupable. Susan comptait donc mener l’enquête seule, pour préserver son amie. Ou peut être que Paula pourrait l’aider, son passif avec Bruce ne serait pas de trop pour comprendre le personnage.

Son doigt appuya sur la sonnette. La porte s’ouvrit presque immédiatement, comme si John l’épiait à travers le judas de la porte. Elle montra son grille pain d’un air confus. Il la regarda avec intensité et l’invita à entrer, oui il pourrait l’aider à réparer son grille pain. Désirait-elle quelque chose à boire ? Thé, café ou quelque chose d’un peu plus fort. Elle opta pour un verre de scotch, il la scruta avec surprise. Décidément, cette femme était bien moins naïve qu’il ne le pensait.

Ils commencèrent à siroter le liquide caramel. L’amertume du whisky brûlait la gorge de Susan, mais elle adorait cette sensation. La conversation bascula rapidement du grille-pain, à des banalités, puis Susan passa à l’attaque. Sous couvert de s’inquiéter du moral de John, elle le questionna longuement sur sa relation avec Andrews. Partenaire de boules et amis de bricolage, John connaissait peu Andrews dans d’autres contextes. L’homme au chapeau préférait garder des relations superficielles ici, il avait perdu trop d’amis, et il ne voulait pas s’attacher pour les perdre à nouveau.

Susan songea qu’il avait l’air innocent, et son instinct lui dictait qu’il était sûrement innocent. Pourtant, elle avait envie de rester encore un peu plus longtemps ici, d’en découvrir plus sur lui. Elle prétexta une envie pressante et se dirigea dans le couloir. Un regard par dessus son épaule pour s’assurer qu’il ne la suivait pas, et elle s’engouffra dans la chambre. Elle avait vu ça dans les films, sauf que là elle se trouvait bête. Qu’est-ce qu’elle devait bien chercher ? Face à cette chambre si ordinaire, quel objet pourrait la mettre sur la piste d’un indice ?

Elle n’osait toucher à rien. Ses pieds la dirigèrent vers la commode, elle contempla les photos de John plus jeune, aux cotés d’une belle brune à l’air renfrogné. Son regard s’arrêta sur un cadre noir dans lequel John était entouré de toute sa famille, la brune avait disparu. Elle attrapa la photographie, et scruta le visage du vieil homme. Il avait quoi, peut être 5 ans de moins. Il paraissait plus heureux. Elle n’avait jamais vu John avec ses petits enfants, il ne recevait jamais de visites. Étrange.

Au moment où elle reposa le cadre sur la commode, une voix la fit sursauter. « On visite ? ». Elle se retourna, rouge tomate. Aucune malveillance n’était visible sur son visage. Il souriait même et son regard avait le même éclat que lors des funérailles. Elle bafouilla des paroles confuses, toilettes, trompée, photos, curieuse. Il secoua la tête, et la rassura, il ne lui en voulait pas, lui aussi était curieux.

Il s’approcha à pas feutrés, elle le regarda avancer, comme pétrifiée. Elle n’eut pas le temps de faire un seul mouvement de recul, il lui attrapa la nuque et l’embrassa.

Paula

Paula observait la voiturette électrique de Sue s’éloigner. Ses dents claquèrent en pensant à la vieille sorcière. Depuis son arrivée, la guerre était ouverte entre elles. Sue voyait d’un mauvais oeil les activités nocturnes… et diurnes aussi d’ailleurs, de Paula. Quant à Paula, elle exécrait la tenue stricte de Sue, cette perfection qu’elle tentait d’atteindre en vain, son regard sévère, ce look de gardienne de pensionnat. Elle n’avait rien à lui reprocher, elle ne l’aimait pas c’est tout.

Le buggy était déjà loin quand elle regarda une dernière fois la maison de James. À regret, elle s’éloigna. Elle aurait tant aimé qu’il arrive, qu’il soit là, et qu’il l’accueille à l’intérieur. L’envie d’en découvrir plus sur ce bel homme commençait à la rendre folle. Depuis leur moment aux funérailles, elle ne l’avait pas revu, pas revu, pas aperçu. Rien, pas un signe de vie. Avait-il disparu à son tour ?

Elle fantasmait leur rencontre, s’il lui ouvrait la porte, elle minauderait, elle mettrait en avant ses charmes. Et elle l’aurait. Comme les autres, elle l’aurait. Mais lui, elle le dévorerait lentement, elle s’en délecterait, elle le garderait sous les draps jusqu’à la fin.

Résignée, elle s’éloigna de la maison du beau nouveau voisin. Bon c’était quoi la suite ? Ah oui, le beau jardinier. Ça serait son petit lot de consolation. Elle ne pouvait toucher qu’avec les yeux, mais c’était déjà mieux que rien.

Susan lui avait dit que les jardiniers travaillaient à l’arrière de Murray Street, à quelques pas de là, elle remit en place son décolleté et se dirigea vers la zone. Le Ute de Franck passa à toute vitesse près d’elle, décoiffant le chignon qu’elle avait des heures à réaliser. Ah celui là, un vrai danger public.

Le jeune homme soulevait un grand seau de feuille. Ses bras dorés par le soleil brillaient de sueur. Les muscles se gonflaient à chaque mouvement. Paula enleva ses lunettes de soleil pour mieux en profiter. Son regard s’attardait sur chaque veine, chaque grain de peau. Elle admira son torse musclé à travers le tee-shirt mouillé de sueur. Un frisson parcourut son bassin. Sa langue glissa sur ses lèvres. Son regard remonta jusqu’au visage du jeune homme, elle en détailla les traits. Il avait de grands yeux noirs et des cheveux bruns, presque noirs. Un voile passa dans son regard, il lui rappelait son premier et unique amour.

Benjamin la regardait en souriant. Dans un anglais hésitant, il lui demanda si elle désirait quelque chose. Elle lui fit signe de le rejoindre derrière le perron du 56. Après un instant d’hésitation, il posa son seau et la rejoignit.

Elle posa sa main sur son épaule solide. Ses phalanges palpèrent les muscles fermes, elle ferma les yeux en songeant à la sensualité d’un tel amant. Quand elle les rouvrit, le jeune homme s’était dégagé de son étreinte et la regardait l’air effrayé. « Je ne te veux aucun mal, mon petit. Serais-tu intéressé de te faire un peu plus d’argent ? ». À ses mots, il sauta presque en arrière, il vociféra des mots en français. Elle comprit le malentendu. Non, non, elle ne voulait pas de lui des services sexuels. Elle était consciente d’être bien trop vieille. Mais au fond, elle fut vexée.

Rassuré, il la questionna, que devrait-il faire ? Paula sourit et lui exposa son plan.

Bruce

Bruce finissait de doser le mélange. Voilà qui était mieux. Normalement ça ne devrait pas faire de mal, que du bien. Il avait dû revoir sa recette, impossible pour lui d’oublier qu’Andrews était sûrement mort par sa faute. Il plaça le tout au four et contempla le reste du van. Personne ne pourrait rien soupçonner.

Il reprit son marteau, attrapa une des dix dernières planches et se mit à fixer les dernières lattes de plancher. Son petit bijou de van était presque terminé. Encore quelques jours de travail, un peu de décoration et ils pourraient prendre la route. Parfois, il se demandait s’il emmènerait Rita. Après tout, avait-elle vraiment envie de venir ? Après la disparition de son premier van, il en doutait parfois.

Mais il avait rebondi, et ce van là serait encore mieux que le précédent. Direction assistée, intérieur grand luxe, avec douche et toilettes séparées, un canapé, et un lit à part, ce serait un vrai petit nid pour tous les deux. Il secoua la tête, il ne pouvait partir sans Rita. Ce serait comme partir sans essence, impossible, elle était son carburant. Et si, il y avait des hauts et des bas, c’était sa petite bonne femme à lui.

Par contre, il allait falloir faire vite. Bruce n’avait pas beaucoup de temps, il sentait l’étau se resserrer. Il n’avait jamais trouvé les pilules qu’il avait caché. Faire une enquête était trop compliqué et éveillerait les soupçons. Et puis personne n’avait subi de crise cardiaque depuis. Tout allait bien.

Non, tout n’allait pas bien ! Rita et ses amies se mettaient en tête de trouver le meurtrier. Il avait bien tenté de dissuader sa femme, lui répétant qu’Andrews était mort d’une simple crise cardiaque, mais elle était maligne et elle savait que si crise cardiaque, il y avait eu, elle avait sans nul doute été provoquée.

Et voilà que les apprenties Sherlock Holmes se retrouvaient dans son salon pour échafauder des plans. Elles lui avaient tout fait, elles avaient même transformé le tableau en liège de la cuisine et tableau de police d’investigation. Les photos de presque tout le village étaient collés, punaisés ou agrafées, il ne restait presque aucun espace. Oui presque tous, saufs les trois amies, et lui.

D’abord, il avait été soulagé de ne pas se trouver sur le panneau. Pour elles, il n’était pas suspect, tant mieux. Il connaissait bien les trois grands-mères et il les savait pleines de ressources pour retourner Riverside Gardens et découvrir la vérité.

Mais il avait d’abord constaté que Susan le regardait de manière étrange, son regard d’habitude si fuyant était plus direct, plus froid, elle le sondait parfois du regard, comme pour lire à travers ses pensées.

Et Rita, alors là c’était le pompom. Rita avait le regard de plus en plus suspicieux. Elle ne pouvait s’empêcher de lui demander où il allait, ce qu’il faisait de ses journées. Il sentait qu’elle avait du mal à le croire. Oh, oui, il allait devoir se montrer très malin s’il voulait garder son secret loin des trois enquêtrices du dimanche.

Des coups à la porte du van interrompirent ses songes. Il se retourna et ouvrit la porte sur un Franck tout en sueur, le visage tordu par la panique.

Suite la semaine prochaine…

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