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Les Aventures Croustillantes +18 ans

Etouffé

Etouffé, Photo by Hasan Almasi on Unsplash

Ça fait un long moment que je n’ai pas posté un petit article sur mon blog. J’aimerais vous dire que c’est parce que tout s’est arrangé avec le bûcheron, et que nous coulons des jours heureux le long du canal de l’Ourcq… Mais vous me connaissez assez pour savoir que ce n’est pas le cas.

Bon, je n’ai rien posté, parce que j’ai beaucoup vécu, et pas que des aventures croustillantes, et maintenant que l’été se termine, il va me falloir plusieurs articles pour tout vous raconter…

Le bûcheron, le retour

Au moment où j’écrivais mon dernier article, j’oscillais entre haine et espoir, j’ai des pages entières de carnet recouvertes de « Connard » écrits rageusement au feutre noir. Comme un cri, j’ai repassé les lettres plusieurs fois, les gravant sur plusieurs pages.

Puis il a fini par répondre. Et moi, cette histoire, si pratique, avec un voisin, j’avais envie d’y croire.

Après une petite mise à nu de chacun de nous (au sens propre comme au figuré), nous avons repris doucement cette relation qui avait tout l’air d’aller sur une relation de couple. C’est lui d’ailleurs qui a fini par me proposer de me retrouver après nos weekends respectifs. Et hop, l’espoir est revenu.

D’abord j’étais fière, pour la première fois, j’ai mis des mots sur ce que j’attendais, et il n’avait pas l’air de fuir.

Des reds flags, il y en avait plus d’un. Les messages bien trop timides, le manque d’initiative, le manque de place qu’il me faisait… mais chacun a son rythme, et peut être que ça me rassurait aussi. Ma liberté n’était pas ternie.

Nous sortions, nous allions au resto, au ciné, on se regardait des séries tous les deux, on discutait, de tout, de rien. Visiblement, nous n’étions pas des sex friends, et ça m’allait très bien.

Complicité des corps

En revanche, si je suis vraiment honnête sur cette histoire, c’est surtout les moments de tendresse ou de sensualité que je chérissais. Le resto, j’aurais pu m’en passer, d’ailleurs je me sentais la plupart du temps gênée. L’étincelle ne se faisait pas. C’était plat, nos conversations ne prenaient pas forcément.

Alors que quand nos corps nus se touchaient, quand mes doigts s’affairaient à lui effleurer la peau, tout d’un coup, je ressentais de la complicité. Nos corps étaient complices, mais nos esprits avaient eux du mal à la trouver cette connivence.

Je me suis toujours considérée comme plutôt rigolote, mais pas forcément très jolie. Avec lui, c’était tout l’inverse. Au creux de ses bras, dans le fond de ses pupilles, je me sentais sexy, mignonne et même belle parfois.

Par contre, mes neurones, elles se sentaient mises de coté. Comme paralysées, les blagues ne venaient pas, aucun sujet de discussion ne valait un petit élan théâtral, une caricature  improvisée, un jeu de mots bien pensé. Nope.

Seules les chatouilles libéraient les rires de nos gosiers. Les chatouilles et sa tête de castor enragé.

Droguée

Pour moi, l’humour, c’est LA qualité que je recherche chez un homme. Et de l’humour, c’est sûr qu’il en avait, mais pas le même que le mien… Vraisemblablement.

Pourquoi m’être acharnée ? Voilà une vraie question. Pourquoi ?

Parce que la complicité des corps m’a aveuglée. Comme droguée à la tendresse, comme piquée à la sensualité, j’en voulais toujours plus. Tant pis pour les dîners silencieux, pour les conversations qui tombaient à plat.

Je voulais ce frisson, ce repas de midi ennuyeux, qui finit par un baiser passionné devant sa porte et qui s’enflamme encore plus loin.

Oui je voulais de nos corps emboîtés sous la douche, de ses bras qui me tenaient fermement après l’amour, de nos jambes entremêlées sur le canapé, de sa main sur ma cuisse au cinéma, de ses lèvres dans mon cou…

Bref, je suis tombée en dépendance corporelle, tout simplement.

J’aurais pu prédire que ça n’irait pas plus loin, mais j’avais encore envie de vivre dans cette bulle de tendresse, dans ce cocon de corps qui se comprennent et se connaissent mieux que notre esprit.

Etouffé

Mais c’est sans compter sur la capacité de l’homme à se sentir étouffé. On se voyait deux fois par semaine, je ne lui écrivais pas des tonnes de messages, je ne l’appelais pas, je m’adaptais globalement à son emploi du temps, et au mien. Pourtant, c’était déjà trop pour lui.

Après une soirée en demi-teinte, nos corps se sont une nouvelle fois réconciliés sous les draps. Alors qu’en sortant du resto, je me disais « Il y a u truc qui cloche entre nous, un truc qui n’est pas naturel, une gêne, un manque de fluidité… » , après avoir succombée à ses caresses, je ne pensais qu’à une chose, la peur de ne pas le revoir avant mes vacances.

Dans 5 jours, je partais pour deux semaines, dans 5 jours, nos corps ne pourraient plus se toucher, se frôler, se goûter… Alors du bout des lèvres, je lui ai demandé, si on se reverrait d’ici mon départ.

Après tout, on habite à 3 minutes à pieds, 3 minuscules minutes, on peut bien trouver une heure pour se revoir.

Mais sa réponse n’a pas du tout été dans mon sens. Trop occupé, « Bonnes vacances ». Alors que mon visage trahissait sans mal ma frustration, que mes poings se serraient et que mes neurones les imaginaient s’écraser sur son visage, il souriait en changeant de sujet.

Deuil

« Mais je m’en fooooouuus de tes parcs d’attraction de merde !!! Oh oh ! T’as pas envie de me voir avant mon départ ? T’as pas envie de m’enlacer, de me mordre, de m’embrasser, de me baiser ? Arrrrggghhhhh ». Les mots n’ont pas franchi mes lèvres, heureusement.

Alors autant dire que quand il est parti ce soir là, j’étais au summum de la frustration, du dégoût et je commençais doucement mon deuil de cette histoire.

Comme un signe contraire, alors que je ne voulais plus avoir à faire à lui, le lendemain, je l’ai croisé sur le chemin du bureau. Il m’a saluée un grand sourire aux lèvres, il était à deux doigts de s’arrêter. Moi je n’en avais aucune envie, j’ai fait un bref sourire et j’ai continué ma route.

Qu’est-ce que j’attendais de tout ça ? Peut être que je voulais qu’il se batte, qu’il me dise qu’il allait trouver du temps. Encore aurait-il fallu qu’il écrive. Ou peut être que je voulais tout simplement que nos corps se retrouvent une dernière fois.

Etouffé mais pas un mauvais bougre !

Un jour, deux jours, trois jours sans nouvelle. Pas un texto, pas une question sur des échéances importantes que j’avais au taf. Rien.

Ah bah tiens, j’ai bien fait de me laisser aller dans les bras d’un autre la semaine passée… J’écris un premier brouillon de message, je laisse passer la rage, j’en réécris quelques passages, et je l’envoie.

Le message est bien trop long, mais je lui partage mon ressenti, mon envie de plus, ma frustration. Je me suis rarement autant mise à nue. Je quitte mon rôle de nana qui s’en fout, de nana qui ne veut que du cul. Oui, je quitte mon rôle de fille libérée qui ne ressent rien, si ce n’est du désir.

Si j’attendais bien plus de lui avant. Après ce message, je n’en attends plus rien, j’imagine qu’il ne me répondra jamais.

Pourtant dans un dernier sursaut de respect, il me répond un message lui aussi plein d’honnêteté de de bienveillance. Il m’explique qu’il se sent étouffé pour pas grand-chose, et que moi, je suis déjà trop.

C’est la fin, sans débat. Les pleurs sont passés. Il ne reste que l’amertume.

L’amertume et le sevrage. Comme une droguée à qui on ne donnerait pas sa dose, je suis plus irascible, je déprime, je me renferme un peu. Et puis je cherche d’autres moyens de m’éclater…