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L'Australie

Uber à vélo… ça pédale…

D’abord, ne vous imaginez pas que livrer à vélo à Perth, c’est comme livrer à vélo à Paris. La ville est bien moins dense, et chaque course est une nouvelle découverte. Je traverse des zones pavillonnaires, des parcs.

Uber à Vélo (Photo by Kai Pilger on Unsplash)

Uber à vélo, étonnant hein ?

Si vous m’aviez dit un jour que je deviendrais cycliste professionnelle, je ne vous aurais pas crus ! Pourtant aujourd’hui c’est le cas. Jamais je n’avais songé à ce type de job dans ma vie. Je n’aime pas spécialement le vélo. Disons que en faire une dizaine de fois quand vient le printemps ou l’été, oui j’aime bien, mais ça s’arrête là. Alors en faire, au moins 4-5h par jour… vous imaginez bien que je ne m’y attendais pas, devenir livreur à vélo… Wahou…

D’abord, ne vous imaginez pas que livrer à vélo à Perth, c’est comme livrer à vélo à Paris. La ville est bien moins dense, et chaque course est une nouvelle découverte. Je traverse des zones pavillonnaires, des parcs. La circulation est moins dense aussi. Enfin surtout sur les trottoirs, car c’est un fait avéré, les australiens marchent peu, ils roulent, oui ils roulent dans leur gros 4×4, leur Pick Up… Et ils détestent les petits cyclistes comme moi…

Perth à vélo

Et puis Perth, c’est un peu la ville aux mille collines, ça monte, ça descends, et c’est imprévu. Alors les cuisses forcent, et parfois le moral descends. Surtout que mon vélo était une très bonne affaire, mais pour moins de 30 euros le vélo, on ne fait pas de miracle. Impossible de changer les vitesses, au risque qu’il déraille, des roues petites et larges, et des freins qui nécessitent parfois l’aide de mes semelles.

Uber, les Bons Jours

Alors il y a les bons jours, ceux où il fait beau, où je me sens en forme, où je vois ça comme une opportunité pour penser, pour laisser voguer mon esprit, pour faire du sport. Je monte sur mon vélo, je dévale, je pédale, j’affronte les pentes les plus raides. Je n’ai pas les cheveux au vent, parce que j’ai un casque (obligatoire en Australie), mais c’est tout comme. Oui ces jours là, c’est presque un plaisir. Je ne vois ni les kilomètres, ni les heures passées. Je profite d’attendre pour écrire, et je jouis du soleil qui réchauffe ma peau. Ces jours là, les cuisses sont légères et mon esprit aussi.

Uber, les Mauvais jours

Et puis il y a les mauvais jours, les jours où les jambes sont fatiguées, où la motivation est en berne. Les jours où le vent m’empêche d’avancer, où chaque coup de pédale est un effort. Ces jours là, je peste, je traite les chauffards de tous les noms, un, surtout, revient particulièrement, il commence comme connivence et finit comme bavard. Oui ces jours là, j’en veux à tout le monde. Je hais ce job précaire, où les courses ne sont pas bien rémunérées, où parfois il faut faire 4 kms pour aller livrer un café. Et je hais cette ville si banlieusarde, où une fois la livraison terminée, vous devez refaire les 4 kms dans le sens contraire. Evidemment, ces jours là, je me décourage parfois devant les grandes montées, je maudis cette ville reliéfée.

C’est loin PARFOIS !

Il m’est arrivé de me retrouver tellement loin de mon point de départ, je prends une commande, elle m’emmène à 4 kms, puis mon application sonne, je dois aller en chercher une autre dans un restaurant à 3 kms, puis la livrer encore plus loin. Je me retrouve alors à 45 minutes de mon hostel pour rentrer. Dans ces moments, c’est 45 minutes de perdues, 45 minutes sans un dollar, et ça rend fou parfois.

En fait, Uber c’est comme un jeu, tout dépend de votre chance. Bien sûr il faut connaître les quartiers, aller aux bons endroits, et après on attends. Aux heures de pointes, ça sonne rapidement. Vous avez quelques secondes pour cliquer sur les minutes qui s’affichent. Généralement c’est à une minute de là ou vous êtes, mais il peut arriver qu’ils indiquent 3 minutes, ou 5, alors à 5 minutes, il faut se méfier. Regarder sur la carte est plus prudent avant de d’accepter. Oui parce que Uber est optimiste, 5 minutes peut vite se transformer en un petit quart d’heure, les feux de circulations, les montées inopportunes, on est rarement à 20 kms en vitesse constante !!

Uber à vélo, comment ça se passe ?

Bon et puis on clique, on va au restaurant, la commande s’affiche, elle peut être simple, ou double. Double, ça veut dire que vous devez récupérer deux commandes dans le même restaurant et les livrer à deux personnes. Parfois c’est pratique, parce que les deux commandes sont proches, et ça évite d’attendre une nouvelle fois. Mais les doubles commandes sont moins bien payées et il arrive qu’elles soient à deux endroits opposés. L’algorithme a parfois des bugs et alors vous faites 6 kilomètres pour 8 malheureux dollars…

Et puis c’est la surprise, impossible de savoir où vous allez livrer avant de récupérer la commande et cliquer. Quand la course est à moins de 1 km, c’est le jackpot, vous aurez au moins 6 dollars et vous pourrez retourner dans le bon quartier rapidement. Mais quand c’est à plus de deux kilomètres, vous croisez les doigts pour que les montées ne soient pas trop ardues, les bons jours vous respirez un grand coup et profitez du paysage, les mauvais vous insultez Uber de tous les noms.

Uber à vélo : la Nuit


La nuit, c’est autre chose, le jour se couche avant 18 et toutes les courses se font dans la pénombre. Il y a moins de circulation, c’est le coté plus agréable, et les courses s’enchaînent généralement plus vite. Il fait froid depuis plusieurs semaines le soir, et j’ai dû m’acheter une veste imperméable contrecollée en polaire, pas des plus saillantes mais très efficace… La nuit peut être angoissante parfois, les rues sont mal éclairées et ce n’est pas la faible lumière de mon vélo qui y changera grand chose…

Conclusion

Voilà donc mon quotidien, j’oscille, entre joie de faire du sport et dégoût de ce job si mal payé, je fatigue parfois, mais globalement je gagne en endurance. Je n’ai plus de douleur aux fesses comme au début, mes cuisses sont des rocs, je ne descends plus de mon vélo pour les grosses montées, et je connais la ville de Perth comme ma poche.
Alors oui globalement, c’est une expérience positive. Je gagne en moyenne 400 dollars par semaine, je ne travaille plus le samedi et le dimanche pour me donner un vrai weekend. Je m’extasie des rares pourboires, et j’attends des jours meilleurs…

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